Les choses humaines - Karine Tuil

Les Farel forment un couple célèbre, Jean est journaliste politique et Claire essayiste et féministe engagée.
Alexandre leur fils, est un jeune homme brillant, précoce, plein d’assurance. Il est promis à un bel avenir, quand un jour, une accusation de viol l’envoie aux assises, faisant voler ses rêves en éclats.

Le procès va durer cinq longues journées. Des journées durant lesquelles la vie d’Alexandre Farel va être méticuleusement fouillée, livrée à un public avide de potins croustillants concernant le fils de ce couple célèbre.;

Avec les choses humaines, Karine Tuil, fait le procès d’un homme certes, mais aussi celui d’une société et d’une caste de privilégiés. 

L’autrice délivre en filigrane plusieurs messages révoltés : sur les rapports hommes/femmes, sur les réseaux sociaux qui brouillent tout, mais aussi sur les chances inégales de s’en sortir face à de telles accusations, si on est nanti, si on a des relations, si on a les codes, si l’on s’exprime facilement ou pas... 

On est pris dès le départ, la tension grimpe doucement, les faits sont clairs, leurs traitements restent complexes et Karine Tuil tient admirablement le cap. On est dans le palais de justice, on entre dans cette salle d’assise, on assiste curieux et passionné à ce procès qui déballe tout, qui étale tout. 

Indifférence, inégalités, privilèges, injustice, hypocrisie sociale et politique, Karine Tuil nous offre avec Les choses humaines un ouvrage dérangeant, bousculant. On en sort avec une rage tapie là au creux du ventre, aiguisant notre regard sur un monde où tout peut basculer, comme cela en une fraction de seconde.