Le Maître de Ballantrae - Robert Louis Stevenson

A la fois historique et fantastique, cette histoire en deux tomes diffuse au long d’une vingtaine d’années et entre trois continents un drame incroyable et prenant.

1745, l’Écosse connait un épisode sanglant avec la bataille de Culloden. Le prince Jacques-Edouard Stuart prend les commandes d’une rébellion visant à chasser le roi anglais George, et à offrir au pays son propre roi souverain. Dans la famille des Duristeer, maîtres de Ballantrae, le lord a choisi par sagesse les deux camps, décidant, en fidélité au roi, de garder son ainé héritier direct : James, au domaine, et d'envoyer son cadet : Henry, se battre avec les Stuart.
Cette décision est cependant retoquée aux dés par James - le plus dur des deux - celui-ci partant se battre avec les rebelles. Malheureusement, les parties en présence sont fortement déséquilibrées et la rébellion est rapidement matée, ne laissant apparemment aucun survivant. Henry devient donc le maître de Ballantrae, devant subir néanmoins une animosité assez injuste de la population. Or, un soir, un nommé colonel Burke rapporte de curieuses nouvelles au domaine : James serait en fait vivant aux Amériques, ayant réussi à fuir après la bataille en se faisant passer pour mort. Ce dernier, par l’intermédiaire de Burke, va commencer à demander de grosses sommes d’argent à son père, avant de revenir chercher son dû…  

Robert Louis Stevenson, lui-même écossais et originaire de la frontière sud, nous immerge d’abord dans les landes de son pays, au sein d’une famille que la haine ronge suite à un épisode peu glorieux. Puis l’aventure traverse l’Atlantique, nous transportant dans les forêts truffées d’indiens belliqueux, avant de bifurquer vers les Indes, où James est allé se refaire une santé après sa seconde « mort ».
Enfin, le retour au pays fait rebondir le récit, avant que son dénouement ne se situe de nouveau aux Amériques, où les destins des principaux protagonistes seront définitivement scellés, dans une ambiance fantastique digne d’un récit d’horreur. L'auteur nous avait habitué à ces ambiances lugubres dans son premier roman l’Ile au trésor (1883), et avait été au bout de l’angoisse avec l’étrange cas du docteur Jekyll (1886).

Avec le Maitre de Ballantrae, on peut considérer qu’il mixe parfaitement ces deux ambiances, donnant à son personnage de James Dury, sorte de revenant, une forme de mister Hyde. Epique et sombre, tragique et romanesque, ce roman graphique publié en deux tomes est magnifié par le trait sauvage et les aquarelles minutieuses d’Hippolyte, imprimés sur un papier de qualité. Une version de toute beauté d’un roman à redécouvrir.