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Claude Gueux - Séverine Lambour

Claude Gueux

Lambour, Séverine
Delcourt

Plaidoirie contre l’injustice et la peine de mort

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Si vous ne connaissez pas l’œuvre originale, cette bande dessinée permet de combler cette lacune : c’est une remarquable adaptation du court roman de Victor Hugo. Faisant écho à son autre roman Le Dernier jour d’un condamné, vibrant pamphlet contre l’injustice d’un verdict fatal, Claude Gueux offre un récit dur et sans concession. Ici, le réquisitoire contre la peine de mort est bref, mais démonstratif et efficace.

L’histoire raconte la descente aux enfers d’un homme du peuple de la société sans scrupule du XIXe siècle. Honnête et pauvre, il va commettre l’irréparable : tout d’abord voler pour nourrir sa famille, puis tuer pour faire cesser l’injustice qui règne dans une prison complètement soumise à l’autorité d’un directeur particulièrement cruel. Il s’agit de l’adaptation d’un fait divers, et, à travers un récit percutant et poignant, le protagoniste accuse les conditions de détentions, la disproportion des délits et des peines, mais avant tout l’injustice sociale. D’ailleurs, l’arbitraire de ce milieu carcéral, incarné par un directeur inhumain, apparaît déjà sur le haut de couverture, écrasant le malheureux condamné, représenté seul sur un banc, en bas de cette même couverture.

La scénariste Séverine Lambour adapte l’essentiel de l’œuvre. Le récit est puissant émotionnellement, et la transposition est d’une grande justesse. Avec très peu de mots et un découpage lent, l’ensemble est très parlant, et le texte, ciselé. Les cases muettes sont nombreuses et en disent long : elles incitent le lecteur à réfléchir. Les dessins aussi se montrent à la hauteur du scénario ; Benoît Springer apporte une matière à ses tracés par des estompes charbonneuses. Les « gueules » des personnages sont expressives et pleines d’humanité, les cadrages intelligents, le tout dans une atmosphère sombre alourdie par une palette de couleurs allant du gris clair au gris foncé. Tout comme le texte original, le dessin est d’une grande force, sobre et tragique.

On ressort de cette lecture avec un sentiment de révolte, de tristesse et de compassion. Finalement, on ne lit pas cette bande dessinée, on la vit. Les images parlent, les mots se taisent.... Les termes de Victor Hugo en dernière page de couverture nous prennent à témoin et n’ont pas perdu de leur puissance. À lire et parcourir d’une traite !

Livre
BD/Manga