De la Chine aux Balkans

Concert par Le Projet Schinéar

Une énergie incroyable pour une valorisation exceptionnelle de la musique traditionnelle

Dès les premières notes, le Projet Schinéar, formation atypique composée de trois virtuoses, suscite immédiatement la curiosité des spectateurs. Les touches et le soufflet de l’accordéon de Denis Spriet accompagné de Maxime Vidal, véritable « homme-orchestre » annoncent le rythme. Sa grosse caisse frappée du pied droit, son tambourin percuté du pied gauche et sa guitare électro acoustique encadrent un drôle d’instrument en peau de serpent. Liang Zhao surprend son auditoire avec des notes aériennes magnifiques et des variations extrêmes. Il s’agit du violon traditionnel chinois : le erhu.

Les découvertes se succèdent au fil de la soirée. Selon les histoires évoquées et les pays traversés, mandoles, saz, etc… se joignent à la fête. C’est un véritable cocktail sonore que Maxime Vidal complète de sa voix infra-basse, magnifique chant de gorge mongol, inventé dans une Renault 5 sans auto-radio.

Compositions contemporaines ou reprises, accords  harmonieux et incessants entraînent le public d’un continent à l’autre sans barrières douanières. C’est le message de Projet Shinéar.

Shinéar est, en effet, le nom du territoire où fut construite  la tour de Babel quand les hommes n’étaient pas encore séparés en une multitude de peuples et de langues. Les spectateurs découvrent ainsi la plénitude des steppes mongoles, une plainte balkanique et une rêverie chinoise millénaire avant d’embarquer pour un road-trip, direction l’Inde, puis de s’envoler pour l’Amérique du Sud ou encore l’Afrique.

© Projet Schinéar

© Foto'Live

Le répertoire riche, aérien, contemporain ou traditionnel de Projet Shinéar permet ainsi d’écouter une oeuvre du serbe Saban Bajramovic ou encore un morceau antique découvert par Jordi Savall. Les musiques traditionnelles, arméniennes, roms, macédonniennes, sont restituées de manière rythmée et enlevée, avec une virtuosité indéniable ; leur ligne mélodique incorpore des influences jazz, africaines et dessine de belles allégories de chevaux , de ronde échevelée. La voix mélodieuse, parfois étrange de l'erhu, captive l’auditoire par la gamme très étendue de ses couleurs sonores.

Une aventure musicale qui donne des ailes et invite à découvrir la musique traditionnelle si méconnue. Quelle belle invitation au spectacle vivant !