Vent du Nord - Walid Mattar

Hervé travaille depuis toujours dans une usine de fabrication de chaussures. Peu enclin à la lutte, à l’annonce de la délocalisation de l’usine, et aux licenciements, il accepte la prime que la direction lui propose. Tandis que ses collègues, eux, occupent l’usine et se rebellent.

Il  a dans l’idée de profiter de cet argent pour s’offrir un bateau. Grâce auquel une nouvelle vie s’annonce. Il  parvient même à convaincre son fils de le suivre dans cette aventure. Mais une administration tatillonne l’empêche de mener à bien ses projets.

A quelques milliers de kilomètres de là, Foued trouve du travail grâce à ces machines qui s’installent près de chez lui et reprend espoir de pouvoir faire soigner sa mère malade et stabiliser son histoire d'amour  naissante avec la belle Karima. Confronté à un Etat totalement démissionnaire qui ne lui permet pas de bénéficier des prestations sociales liées à son statut de salarié, il déchante bien vite.

Avec des allers et retours entre les vies de deux ouvriers, le réalisateur, Walid Mattar, nous dépeint deux sociétés qui finissent par se confondre dans les mêmes espoirs brisés. Mais jamais les deux héros de  ne se rencontrent, si ce n’est de manière symbolique à travers cette scène où Hervé et sa femme Véronique, en vacances en Tunisie, croisent le chemin de Foued à travers les vitres d’un bus.

Ce sujet douloureusement actuel des délocalisations économiques et de casse sociale est aussi le thème du magnifique film « Prendre le large » de Gaël Morel.

L’interprétation du couple Rebbot/Masiero,  jonglant entre, humour, humanisme, injustice et situations ubuesques, nous ravit et nous enchante. Les jeunes eux aussi sont formidables de justesse.

Malgré le message politique qu’il délivre, ce Vent du Nord apporte un souffle d’émotion et d’espoir basé sur l’échange des valeurs et la libre circulation des personnes.