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Une sortie honorable - Eric Vuillard

Une sortie honorable

Vuillard, Éric 1968 - ...
Actes Sud

Le regard acerbe du Goncourisé sur la défaite de Diên Biên Phu

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Après avoir reçu le Goncourt pour L’ordre du jour qui traitait de la compromission des banquiers allemands avec le pouvoir Nazi et des préparatifs de l’Anschluss en 1938, Éric Vuillard revient sur un autre fait historique marquant du XXe siècle, la fin de la guerre d’Indochine.

C’est, comme à son habitude, par un court récit, qu’Éric Vuillard analyse un fait historique majeur et le déconstruit en se mettant directement à hauteur des différents protagonistes. Ici, point de grande Histoire, mais plutôt une succession de portraits des acteurs du désastre qui s’annonce pas à pas.

Le Palais Bourbon

Lieu des joutes oratoires, c’est ici que les députés et les membres du conseil de la Quatrième République décidèrent de la poursuite de la guerre. La description des hommes de pouvoir est à la fois mordante et caustique. Leurs discours « si nous donnions l’égalité des droits aux peuples coloniaux, nous serions la colonie de nos colonies » (Edouard Hériot) révèlent les allégeances, le poids de la tradition et la communauté d’intérêt.

L’Indochine

Théâtre de guerre, voici qu’apparaissent les généraux, huit commandants en chef se succédent pour sauver la colonie.Mais « les peuples s’accoutumant mal d’être assujettis » il faut trouver « une sortie honorable », c’est ce qui est demandé au dernier. A moindre coût, une victoire éclatante favoriserait le départ dans l’honneur de l’Indochine. Ici Éric Vuillard brosse le portrait de la vanité, de l’esprit de supériorité teinté de racisme, de l’aveuglement et décrit comment l’attitude bornée, le grotesque et la bêtise mènent à l’échec.

96, boulevard Haussmann

Salons feutrés des conseils d’administration voilà enfin qu’apparaît la bourgeoisie financière. L’auteur ici nous propose une peinture au vitriol des réels profiteurs de cette guerre, « on perdait en gagnant, et en gagnant prodigieusement ! ». Le clanisme, l’entre-soi et l’endogamie en sont les fondements, le pragmatisme, l’absence de scrupules et le cynisme, le moteur.  

Ce récit, porté par une écriture intense et féroce, nous place au plus près des acteurs de ce pan d’Histoire coloniale de la France. Politiques, militaires, financiers sont décrits sans complaisance, leurs nature, statut et intérêts expliquant la fin de l’Indochine française.

Avec ce livre troublant et captivant, Éric Vuillard ajoute avec brio une nouvelle pièce à son œuvre.

Livre
Roman