Lettre ouverte aux animaux (et à ceux qui les aiment) - Frédéric Lenoir
La défense des droits des animaux est régulièrement sous les feux de l’actualité. Et depuis quelques années, ce thème est abordé par de nombreux intellectuels et écrivains. On pense entre autres à Mathieu Ricard, Franz-Olivier Giesbert, Michel Onfray, ou encore Elisabeth de Fontenay pour la signature du Manifeste pour les animaux. Frédéric Lenoir est dans cette lignée.
Si l’on commence à bien cerner les contours d’un tel sujet, Lettre ouverte aux animaux (et à ceux qui les aiment) se démarque par les qualités mêmes dont l’auteur a toujours fait preuve. Son discours y est clair, limpide, avec un sens de la synthèse aigu et son point de vue est étayé par les grands courants de pensée de toutes les époques. En dehors des qualités pour se mettre à la portée du lecteur, Frédéric Lenoir a la grande faculté d’élever le propos « à la mode » au niveau philosophique et de faciliter l’accès à la pensée de ses confrères. Illustrant son propos avec sa propre expérience de vie avec les animaux (il en parle avec affection), Frédéric Lenoir est sincère dans son engagement pour la défense des droits des animaux.
Dans une fresque historique fascinante et claire, le philosophe-sociologue décrit l’histoire des relations des hommes depuis Homo Sapiens avec les animaux. Il décrit l’apparition de la conscience mystique. L’Homme, chargé d’une âme, se considère rapidement comme supérieur, intermédiaire entre ciel et terre. Ce schéma atteint son paroxysme avec Descartes qui assimile l’animal à une machine, dénué de sensibilité. Frédéric Lenoir cite aussi de nombreux contradicteurs.
Il développe des exemples clés démontrant que c’est au XIXème siècle, - notamment en Angleterre -, et au XXIème siècle, que des détracteurs trouvent écho : les animaux seraient des êtres sensibles.
Tout comme l'homme, les animaux ressentent le plaisir et la douleur, le bonheur et le malheur. Charles Darwin - Biologiste, Naturaliste, Scientifique (1809 - 1882)
L’ouvrage est d’autant plus pertinent pour qui commence à s’intéresser à ce sujet car son discours est modéré, équilibré, illustré. C’est, selon l'auteur, la singularité de chaque espèce qu’il faut aujourd’hui intégrer. Les découvertes récentes de l’éthologie moderne ne font que renforcer cette approche du monde du vivant. La particularité de l’espèce humaine serait la pensée abstraite universelle. De fait, cela amènerait à un devoir de responsabilité d’autant plus grand. Finalement, libérés de notre vision anthropocentriste, nous découvrons grâce aux animaux de nouvelles formes d’intelligence. Sans nul doute, un nouveau champ de connaissance à explorer…
Claire