L'amour - François Bégaudeau

La littérature nous a habitué aux belles et éclatantes histoires d’amour, emplies de passion, de larmes et de grands retournements. Mais qu’en est-il de la majorité écrasante des amours, celles qui se vivent banalement, sans excès et sans vague ? 

C’est le parti pris de François Bégaudeau dans ce court roman au titre très sobre et sibyllin. En un très court roman, il choisit de suivre un couple de l’ouest de la France, de leur rencontre jusqu’à leur mort, Jeanne et Jacques. Car pour Bégaudeau, l’amour ce n’est pas toujours de l’emphase, des éclats et de grands sanglots. Cela s'installe petit à petit, s'entretient, se maintient. C’est aussi et avant tout de la simplicité voire de la banalité, mais magnifiée par la littérature. C’est un amour de gestes, de preuves, mais aussi parfois d’agacements et d’absences. 

En dépit de sa brièveté, L’amour apparaît comme un long fil ininterrompu, qui traverse la vie de ce couple durant cinquante ans, insistant autant sur les étapes importantes que sur les détails les plus anodins de la vie quotidienne, mais aussi des différentes époques traversées. Il est d’abord difficile de comprendre l’enchaînement sans transition des jours et des années, mais le flot régulier agit finalement comme un bourdon diffus. 

En parvenant à rendre captivant la modestie du monde, François Bégaudeau réalise probablement avec L’amour une œuvre littéraire, au sens le plus pur.