Impostures pharmaceutiques : médicaments illicites et luttes pour l'accès à la santé - Quet Mathieu
La contrefaçon se définit comme la reproduction, l'imitation ou l'utilisation totale ou partielle d'une marque, d'un dessin, d'un brevet, d'un logiciel ou d'un droit d'auteur, sans l'autorisation de son titulaire…
Jusqu’ici tout le monde est d’accord et personne ne saurait remettre en cause le principe de cette définition.
Toutefois lorsque l’on touche au domaine de la santé, d’autres principes apparaissent. Quoi de plus naturel que le droit de pouvoir se soigner… Encore faut-il aussi pour cela que les médicaments en question ne présentent pas un danger plus grave que la maladie elle-même.
C’est avec cette double problématique, de promesse de santé et d’enjeux que l’auteur nous conduit au Kenya et en Inde, devenus tous deux laboratoires de ses enquêtes.
Au fil des pages, plusieurs facettes des problématiques se présentent au lecteur et on découvre comment une demande forte en médicaments, conjuguée au manque de moyens de certains pays favorisent l’explosion des contrefaçons médicamenteuses. À un niveau mondial, elles représentent un fléau qui serait responsable de 700 000 morts par an. D’après l’ICRAM, 1 médicament sur 10 serait une contrefaçon, ce qui représente un manque à gagner pour les différents laboratoires de l’ordre de 85 milliards d’euros. On comprend mieux à la lumière de ses chiffres les motivations des différents protagonistes.
Souvent médicament voyage et l’auteur en profite pour aborder les problèmes de leur mise à disposition quand ceux-ci se retrouvent bloqués, faute d’autorisation de commercialisation sur les sols de transit.
La caractéristique commune des médicaments considérés comme illicites est de ne pas avoir été contrôlés en tant que tels par le système de régulation compétent sur le territoire et d’être vendus sans respecter les normes pharmaceutiques nationales
Avec cet ouvrage très bien documenté, Mathieu Quet livre un essai sulfureux où l’esprit capitaliste échappe à tout contrôle et où logique de profits, morale et brevets virevoltent dans un cynisme glaçant.
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