Vous êtes ici

Don Shirley Trio - Don Shirley Trio

Don Shirley Trio

Un très bon album de 1960 pour découvrir le talent unique de Don Shirley

...
Voir la fiche complète

Découvert par beaucoup grâce au film The Green Book de Peter Farelly sorti en 2018, évoquant sa tournée de 1962 au coeur des états ségrégationnistes, le pianiste et compositeur Donald Walbridge Shirley y prête son talent à l’acteur Mahershala Ali. Ce très bon album de 1960 permet de le découvrir.

Né en 1927 de parents jamaïcains éduqués, enseignant et prêcheur, dans l’état de Floride, Don Shirley apprend le piano dès l’âge de deux ans, et à trois joue déjà de l’orgue. En 1953, après des études à l’université de l’état de Virginie, et celle catholique de Washington, il sort diplômé avec deux doctorats de musique en 1953, lui donnant le « surnom » de docteur Shirley. C’est influencé par les œuvres, entre autre, de Tchaïkovski qu’il va développer un style assez particulier, peu courant pour qui s’intéresse à la musique noire, plutôt uniquement jazz, Soul, et Rhythm’n Blues à cette époque (la Race music). D’ailleurs, sa maison de disque semble s’être sentie obligée à l’époque d’imaginer un voyage de l’artiste en URRS, dans une grande école de musique, pour rendre plus « correct » et légitime la présence d’un afro américain en smoking sur les planches de certains grands théâtres réservés habituellement aux blancs.

Don Shirley Trio, son 14e disque, sur plus d’une vingtaine enregistrés au long de sa carrière quasi ininterrompue jusqu’en 1980, a été enregistré en trio, avec Ken Fricker à la contrebasse, et Juri Taht au violoncelle. Il s’agit d’un précieux et réjouissant alliage de sonorités mixant le cool ou le swing du jazz classique (piano, contrebasse, beaucoup évidemment sur l’hommage à Billie Hollyday), aux volutes classiques grâce au violoncelle. Cependant, on y écoute aussi, sur certains morceaux tel ce Water Boy d’ouverture, le meilleur du jazz contemporain développé ensuite sur un label comme ECM (Edition of Contemporary Music) fondé seulement en 1969. Alliant une frappe énergique à une poésie sincère, et des arrangements sobres, cet album se place parmi les meilleurs que le Jazz pianistique peut nous offrir, ouvrant cependant les portes aux amateurs d’autres horizons. Forcé de mettre un frein à sa carrière à cause d’une tendinite à la main droite au début des années soixante-dix, Don Shirley disparaîtra des lumières, jouant de temps en temps cependant avec des collègues au Greenwich Village de New York dans les années quatre-vingt, avant de sortir un dernier album en 2001, Home with Donald Shirley, aidé en cela par un ancien élève.

FG

Musique