Dans la cour - Pierre Salvadori

« Vous pouvez retenir la souffrance du monde, vous êtes libre de le faire, et c'est en accord avec votre nature. Mais peut-être est-ce la seule souffrance que vous auriez pu éviter. » Pierre Salvadori, le réalisateur  (« un amour impossible », « en liberté ! ») confie que cette phrase de Franck Kafka l'a marqué et lui a apporté des réponses sur sa propre personne et sur ce film.

« Dans la cour » est une comédie sombre qui met en scène la rencontre improbable entre Antoine, un rocker dépressif et toxico de 40 ans qui trouve une cachette pour dépérir en paix en prenant un job de concierge d'immeuble, et une jeune retraitée, Mathilde aussi anxieuse qu'anxiogène.

L'immeuble est représenté comme un monde composé d'appartements dans lesquels chacun vit seul. Son déphasage au sein de cet univers fait de personnalités très différentes est savoureux et émouvant.

Antoine devient l'ange gardien improbable de naufragés comme lui, mais la cour est le lieu de leurs rencontres et Antoine le lien qui les unit tous, alors qu'en choisissant d'être concierge il n'aspirait qu'à la tranquillité et à la discrétion. Il trouve dans cette cour une île qui va l'empêcher un temps de se noyer complètement…

Le duo entre le monstre sacrée Deneuve et le presque petit nouveau Kervern — qui confirme ici son talent — fonctionne on ne peut mieux. Un grand Gustave Kervern, une Catherine Deneuve formidable, un peu de folie, beaucoup de poésie... et des moments inoubliables (la scène de la maquette, entre autres).

« Dans la cour" est un film doux et triste, une œuvre mélancolique d'une grande beauté.