Camille s'en va - Thomas Flahaut

À travers son troisième roman, Camille s'en va, Thomas Flahaut poursuit son exploration de la jeunesse et sonde à travers elle les maux du siècle...

Camille, Yvain et Geronimo sont amis depuis l'enfance. Leurs vies de jeunes adultes ont rapidement pris la couleur des luttes pour les combats écologiques. Ici la zone à défendre est La Cingle, un ancien territoire protégé promis à une transformation radicale. L'État veut tout détruire afin d’installer des panneaux photovoltaïques.  
 
Du trio, Camille a toujours été la plus engagée, la plus insaisissable aussi. Camille, ses beaux yeux verts et sa révolte en bandoulière est celle qui disparait et réapparait au gré des luttes internationales. Pour Géronimo elle est une sœur de coeur. S'il est souvent dans son sillon, ses révoltes à lui sont plus erratiques... Géronimo est celui qui s’engage sans s’engager, celui qui s’enfuit souvent, toujours avant l’émeute. Geronimo est cet architecte qui ne construit plus - sinon des cabanes – et qui vit reclus avec son âne en pleine montagne pour ne pas affronter ses propres failles.

A travers ce roman Thomas Flahaut rend hommage à ceux qui s’engagent. A mille lieux d'un portrait fantasmé, il brosse ici le versant coulisses du militantisme, avec son quotidien qui charrie doutes, errances, extases et angoisses.
La lutte est aussi un prétexte pour embrasser ces récits intimes et, en filigrane, esquisser le portrait d’une jeunesse. Celle qui cherche une échappatoire à la fureur du monde, celle qui questionne les utopies, spécialement quand elles entrent en collision avec le réel.
L’écriture est électrique avec parfois des accents lyriques. Il est question d'amitié, des blessures de l'enfance et du lien à la nature. Il est surtout question de la vie qui va, avec ses soubresauts et ses éclats.
C’est dense, puissant, poétique et politique. D'une beauté crépusculaire.