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Écrivain à 3 Temps
Cécile Coulon

Samedi 12 octobre 2019
à 15h

Cécile Coulon à la Mediathèque de Roannais agglomeration - Roanne

Pour la 7e édition des rencontres d’Écrivain à 3 temps, La Médiathèque a reçu la clermontoise Cécile Coulon, auteure d’Une bête au Paradis. Ayant déjà reçu le prix du journal « Le Monde », ce roman est en lice pour le prix Interallié 2019.

Derrière l’auteure, une grande lectrice

Ne vous laissez par berner par sa blondeur et son allure adolescente, Cécile Coulon n’est pas une débutante, avec 9 romans à son actif, des nouvelles et un recueil de poésie, cette jeune auteure précoce et prolifique a su se faire une place de choix parmi les écrivains de sa génération.

Dès l’âge de 12 ans Cécile Coulon aime raconter des histoires, l’influence familiale n’y est sans doute pas étrangère. Elle veut émouvoir, emporter ses lecteurs avec ses écrits. Lectrice avant d’être auteure, la jeune fille dévore la littérature américaine par opposition envers l’école et son enseignement classique de la littérature. Très jeune, elle se délecte des ouvrages de Stephen King, avant de découvrir Steinbeck, Faulkner et Bukowski.

A l’aube de ses 17 ans, elle n’a pas « un projet » d’écriture, mais écrire est une évidence, un acte naturel. La lecture des œuvres de Marguerite Yourcenar et de Jean Carrière seront décisives dans son choix de devenir écrivain. Il s’agit désormais de transmettre à son tour et de donner le meilleur de soi-même en racontant des histoires. « Même si tout a déjà été écrit, ce qui compte c’est comment on l’écrit, d’en faire une variation », et que le lecteur s'approprie ainsi l'histoire.

Des personnages façonnés par les lieux… parfois sombres

Au début d’un roman, il y a un lieu. Pour Cécile Coulon les lieux façonnent les êtres, elle ne croit pas au modelage de la nature par l’homme. Il est plus question d’osmose : « une personne est un lieu. » D’ailleurs elle revendique son appartenance à la ruralité et au monde agricole, fortement inscrits dans son éducation. A l’image de Marie-Hélène Lafon, qu’elle désigne comme son « mentor », elle souhaite redonner une place aux milieux ruraux dans la littérature ; et se laisse aller à une parenthèse plus militante sur le monde paysan actuel qui vit de fortes transformations. Elle justifie et encourage la colère paysanne, la jugeant nécessaire et fondamentale.

La littérature est aussi le moyen par lequel l’écrivain exprime une part sombre de sa personnalité, « ce qui l’agite  depuis longtemps et qu’elle n’est pas capable de dire». Elle cite Mathieu Riboulet qui déclare « écrire pour ne pas céder à la violence ». Pour la jeune femme, l’écriture a changé sa vie en lui permettant de prendre de la distance, de s’apaiser.

Séance de questions - réponses avec Cécile Coulon

Séance de dédicace avec les abonnés de la Médiathèque

Écrire avec ses jambes

L’auteure s’inscrit dans une recherche de l’excellence. Avec intransigeance, elle cherche à être la meilleure, à « faire sa place » comme l’aurait dit son père. Adepte du running, elle dresse un parallèle entre l’acte de courir et celui d’écrire. La course à pied lui permet de trier ses idées, de doper son cerveau, d’épuiser son corps, tandis que l’écriture est vécue comme un marathon, avec la joie du départ, l’excitation, les pauses et la ligne d’arrivée comme objectif, quoi qu’il en coûte. « Faire des réserves de douleur » et se servir de sa souffrance pour écrire. Mais aussi écrire en acceptant la chute, recommencer après avoir tout perdu, ou quand la manière de s’en remettre compte autant que ce qui nous a fait choir, tout en s’inscrivant dans un dépassement de soi qui définit bien la romancière.

« Un conte cruel d’amour et de folie »

Dans son dernier roman Une bête au Paradis, alors que l’on pourrait être tenté de le définir comme une histoire de vengeance, elle préfère parler de survie. Cruelle et sauvage, l’histoire de Blanche est avant tout une histoire d’amour et de trahison, à la manière d’une tragédie grecque. Un roman noir où le rapport à l’animal et à la terre est primordial, et dans lequel le corps des femmes se métamorphose et vieillit au rythme des saisons.

Cette dernière publication marque un tournant dans la carrière littéraire de la jeune femme. Editée désormais chez l’Iconoclaste, son style s’est épuré, son écriture est devenue plus sèche, comme le corps des marathoniens : sans superflu, tendu vers l’arrivée. Cécile Coulon est en une terrienne moderne, qui défend des valeurs authentiques. Avec un ton franc et direct, souvent teinté d’humour, elle a su conquérir le public avec simplicité.

Rencontres littéraires
Médiathèque de Roanne

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