Le Jardin des MusesNuit du Conservatoire
Imaginez un périple d’hiver, entrepris dans les sombres rues d’une ville de la Loire.
Prenez un groupe de voyageurs, surpris par la tombée de la nuit, dont le chemin croise une drôle de bâtisse, un bâtiment transparent vivement éclairé.
Supposez que ce lieu étrange abrite pour un temps les 9 muses échappées du Parnasse.
Mystère et musique
Nos voyageurs perclus de fatigue entendent dès l’entrée des notes diverses, des sons surprenants, des mélodies intrigantes. Le lieu semble dédié au culte de la musique ! Foule, bruits et couleurs y foisonnent : chatoiements, lumières changeantes, effervescence des muses et de leurs acolytes qui mènent les marcheurs vers d’accueillants jardins.
Les voici reposant derrière les grandes verrières, savourant pleinement le violoncelle, la harpe, la guitare. Puis, dans un jardinet cloisonné, quasiment médiéval, ils s’étonnent et méditent en écoutant des citations sages et poétiques, associées au basson, à la flûte, à la clarinette. Tout ceci les conduit à un décor lunaire où le piano épouse le chant lyrique sur fond de nuit étoilée.
Loin de s’arrêter en si bon chemin, les muses leur font traverser une serre végétale emplie de chants d’oiseaux où se délie une chorégraphie arachnéenne conduite par des danseuses elfiques tout de noir vêtues. Il leur faut alors gravir le grand escalier, appelés par un chœur déroulant des chansons jardinières, d’Un petit jardin à Jardin d’hiver.
Un florilège de sons et de mots
Là-haut, perchés, les voyageurs se coiffent de chambres d’écho et s’imprègnent de musique numériquement transmise, de façon solitaire, dans un profond silence. Les voici ensuite conviés à rejoindre un bosquet circulaire où foisonnent bois et cordes. Derrière les verrières, la ville s’étend, que les voyageurs contemplent au son des chaudes harmonies d’une famille de violons. Puis, une vaste clairière accueille les voix mêlées d’écrivains et de musiciens.
La beauté des textes dédiés au jardin, - de Colette ou encore Jean-Jacques Rousseau -, fait écho à la harpe, au clavecin, au hautbois.
S’ensuit une folle descente dans l’escalier en colimaçon au son de l’accordéon, tour à tour festif et mélancolique. Un vaste jardin reçoit les voyageurs, aux textures bariolées, territoire du «Sound painting ». Là, un patchwork, un mixage de sons, notes, mots se forment, s’éparpillent et se recomposent en une boucle narrative répétitive, hachée, sérielle, filée par un chef d’orchestre inspiré.
La visite touche à sa fin et il est temps pour les voyageurs de reprendre leur route nocturne. Mais avant que les portes de la Médiathèque se referment, ils trouvent encore l’occasion d’exprimer leur émotion en annotant les feuilles d’un arbre tutélaire. Ils repartent la tête emplie de musique, une chanson à la bouche, une évocation des jardins à la main.
C’était la Nuit du Conservatoire à la Médiathèque de Roanne.
Une expérience sensorielle et artistique inoubliable favorisée par l’étroite proximité avec les musiciens et leurs instruments.
L’occasion d’entendre de beaux textes, de capter la musique vivante, tout en découvrant d’autres visages de la Médiathèque.
Un moment de partage réussi.