Oubapo : collectif
Édité en 1996, ce premier volume, sur six de différents formats, chez le même éditeur, présente le principe de l’Oubapo et propose quelques exemples. Un péva dans l’amer.
S’il est un principe peu connu du grand public, c’est que la bande dessinée peut avoir une forme de potentialité. Ce terme, utilisé de manière quasi systématique par les surréalistes dans leurs travaux Oulipien, (de l’Oulipo : Ouvroir potentiel de littérature), propose que toute forme d’art peut potentiellement vivre au-delà de son aspect habituel de ses attributs bien connus.
Comme il est possible de jouer avec les mots, avec les formes, la question de jouer avec la bande dessinée, 9eme art remontant (déjà) au milieu du dix-neuvième siècle, si l’on se base sur les travaux du suisse Roland Töpffer, se pose tout autant.
Dès lors, s’appuyant sur le peu d’exercices de ce genre nous étant parvenus jusqu’au début des années quatre-vingt, l’essayiste Thierry Groensteen, spécialiste d’Hergé et scénariste du cycle des Cités obscures avec François Schuiten, profite du colloque « Bande dessinée, récit et modernité », en août 1987 au château de Cerisy, pour proposer un atelier de genre aux public présents, dont à ses collègues auteurs Lewis Trondheim et Jean-Christophe Menu.
Ceux-ci réfléchiront ensuite à créer un club consacré entièrement à cette potentialité de la bande dessinée, ce qui sera annoncé en novembre 1992, suivi le 26 février 1993 par la première séance officielle du genre, sous le nom Oubapo, (Ouvroir de bande dessinée potentielle) à l’atelier Nawak, 44 rue Quincampoix à Paris.
assemblant les travaux élaborés sur quelques séances, ce premier recueil rassemble sur 104 pages, les bases du principe avec présentation du contexte, (dont une introduction de Noël Arnaud, membre de l’Oulipo), une présentation de 43 pages illustrées de Thierry Groensteen sur les différentes contraintes envisagées, et enfin, des résultats de ces travaux, par les auteurs Francois Ayroles, JC Menu, Anne Baraou, Etienne Lecroart et Killofer, le tout annoté/présenté par eux-mêmes et Gilles Ciment.
Un premier volume à la couleur rouge, bienvenu, très intéressant, qui sera suivi par cinq autres, de couleur et format différents, jusqu’en 2015. Depuis, de nombreux auteurs ont pu intégrer ce genre de contraintes dans leur processus créatif, alimentant une bibliographie parallèle sans cesse croissante que l’on prendra ou pas plaisir à découvrir.