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Les Ménines - Santiago Garcia et Javier Olivares

Les Ménines

García, Santiago 1968 - ...
Futuropolis

Mais quel est leur secret ?

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Le roman graphique Les Ménines, lauréat en 2015 du Prix national espagnol de la bande dessinée, nous raconte l’histoire de ce tableau emblématique. Exécuté par le peintre espagnol Vélasquez il y a plus de trois siècles, c’est actuellement l’une des œuvres les plus célèbres du Prado.

Tout d’abord, il faut saluer le travail de recherche réalisé par l’auteur Santiago Garcia. Le fil conducteur de ce roman est une enquête menée en 1658 par un Chevalier de l’Ordre de Saint-Jacques en vue d’anoblir le peintre selon le souhait du Roi d’Espagne, Philippe IV. Aux temps de l’austérité, des costumes noirs, des interrogatoires, et des ménines, les dames de compagnie de l’infante, le lecteur est plongé dans l’atmosphère oppressante de la cour d’Espagne et de l’Inquisition. L’art alors est au service du pouvoir. Dans ce contexte, Velasquez chemine d’abord comme portraitiste de la cour puis promu Grand chambellan avec l’appui d’un roi protecteur et féru d’Art, mais au pouvoir à bout de souffle, en pleine époque du riche Siglo de Oro espagnol.

Le scénario sert admirablement le récit de la vie de l’artiste. Au gré d’un déroulé chronologique en noir et blanc ou monochrome, on parcourt ainsi la vie du peintre. La BD évoque la rencontre décisive de Vélasquez avec Rubens. C’est lui qui le pousse à aller à Rome, Naples, et à la découverte des grands peintres italiens. Le récit est régulièrement entrecoupé par de brefs intermèdes en couleur pour donner la parole à tous ceux qui, fascinés par Les Ménines, se sont risqués à affronter ce chef-d’œuvre ou à lui rendre hommage. L'auteur parvient ainsi à établir un dialogue entre le tableau et des artistes comme Dali, Picasso, entre autres. C’est là le point fort de cet ouvrage : la multiplication des points de vue, les aller-retours temporels mettent bien en évidence la portée historique et artistique du maître espagnol.

Le dessin vif, la narration entrecoupée de gros plans en pleine page donnent une réelle dynamique à l’ensemble. Les traits acérés de Javier Olivares accompagnent parfaitement ce climat de tension dû à la fois à la psychologie des protagonistes et au contexte politique évoqué. Mais le dessinateur parvient également au fil des pages à donner une dimension intime au récit.  Avec un sens de la synthèse, mais aussi la volonté de traduire l’empreinte psychologique de chaque personnage, le format du roman graphique est particulièrement adapté à cette approche.

À travers la vie de Velasquez, Santiago Garcia et Javier Olivares abordent intelligemment des problématiques finalement universelles dans le domaine de l’art : la quête de l’inspiration, mais aussi du modèle, ou de la perfection… Un bel hommage ! Le tableau des Ménines est une icône culturelle qui a inspiré une infinité d’artistes. C'est une œuvre qui ne meurt pas.

Livre
BD/Manga