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Le château de mon père - Maïté Labat

Le château de mon père : Versailles ressuscité

Labat, Maïté
La boîte à bulles

Non, il ne s’agit pas d’une réécriture de Pagnol…

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Si un jour vous passez par Versailles, au pied du château, à l’angle de l’aile du midi et des grands communs, vous découvrirez la rue Pierre de Nolhac. Mais qui est cet homme inconnu du grand public pour qu’une rue si près du monument lui soit dédiée ?

Le roman graphique Le château de mon père évoque le parcours de cet homme, Pierre de Nolhac, un historien passionné et un conservateur de musée. Il a redonné vie au Château de Versailles tel que nous le connaissons actuellement. Ce livre est né de l’envie de faire découvrir le palais tel qu’il fut à la fin du XIXe siècle, c’est à dire un monument passé à l’oubli, où étaient exposées les collections d’un musée de l’Histoire de France, créé durant la Restauration. Pour cela, Maïté Labat, responsable entre autres des projets numériques à Versailles, s’est entourée de Jean-Baptiste Véber auteur et professeur d’Histoire, d’Alexis Vitrebert illustrateur et artiste peintre et du storyboarder Stéphane Lemardelé.

Le titre est un clin d’œil direct à Marcel Pagnol. Mais ici, c’est Henri, l’un des fils du conservateur qui raconte. La narration indirecte place le lecteur à la hauteur d’un enfant, puis d’un jeune homme. Elle renforce ainsi l’expressivité, et confère à l’histoire une dimension intimiste où le narrateur a toute la légitimité pour dévoiler l’aventure de son père. Pierre de Nohlac est dépeint comme précurseur et visionnaire, mais paradoxalement très conservateur, en accord avec son époque. Son travail acharné finira même par abîmer la famille en la plaçant au second plan.

Les gouaches en noir et blanc de Vitrebert pourraient paraître mélancoliques. Mais le choix est judicieux, car il accompagne parfaitement ce retour dans le passé. L’atmosphère des planches au lavis est délicate. Les visages et les décors sont à peine définis, et la demeure du Roi Soleil semble souvent sombre. Le Château de mon père n’expose pas Versailles dans sa version dorée. Les auteurs soulignent ici la dimension humaine du lieu de vie. Le monde de la restauration, ses artisans, et autres petites mains qui participent à la vie du lieu sont aussi pleinement évoqués. L’envers du décor est mis à l’honneur.

Enfin, ce roman graphique invite à la rencontre de la grande Histoire. Il nous transporte à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Si Versailles est à la gloire de Louis XIV et a été le théâtre de constations révolutionnaires, Le château de mon père nous rappelle que le lieu a également été le lieu de Traités de paix en 1871, puis en 1919. Un dossier documentaire en fin d’album complète le roman, mêlant archives familiales et publications de l’époque. À travers le parcours de Pierre de Nolhac, voilà de quoi redécouvrir cet édifice à la fois si célèbre mais encore méconnu.

Livre
BD/Manga