À la vie
Icône pour de nombreuses générations de sages-femmes, Chantal Birman a consacré sa vie à défendre le droit des femmes. Après avoir été un pilier de la maternité des Lilas, pionnière des accouchements physiologiques, elle met sa fin de carrière au service des mères lors de leur retour à la maison et de la délicate période du post-partum...
La caméra suit Chantal qui arpente les allées pavillonnaires et les immeubles infinis, traînant derrière elle sa valise à roulettes. Celle que l’on surnomme « la sage-femme des banlieues » apporte soins, et réconfort à des mères démunies ou déprimées. L’accouchement est une étape complexe explique-t-elle, située quelque part « entre la vie et la mort ». Quel que soit le milieu social, il fragilise et bouleverse, parfois avec des conséquences importantes. Chantal tient à alerter sur un phénomène tabou : le suicide des jeunes mères. "Ne laissez pas mourir ces femmes ! Il y a une nécessité d'un gynécée pendant cette période. La femme a besoin d'une consolation maternante". Elle fustige un abandon à tous les étages, tant au niveau familial qu'à l'hôpital, où l'accouchement médicalisé permet d'optimiser le personnel, dépossédant ainsi les femmes de leur corps.
Il y a un droit à bien naître, il y a aussi un droit pour les femmes à bien démarrer leur relation avec leur enfant. Cela s'appelle un passage de générations. Si on ne fait pas attention à cela, on tombe dans un vertige de non-dits, dans le manque de ce qui ne s'est pas produit, et ce vertige là ne fera que s'agrandir.
L'autre grand combat de la vie de Chantal, c'est la lutte pour le droit à l’avortement qu'elle n'a eu de cesse de défendre depuis les années 60. Encore aujourd'hui, elle porte la voix, persuadée qu'une élection peut suffire à rebattre les cartes. « Je serai prête à mourir pour défendre ce droit » dit-elle sans vaciller.
La réalisatrice Aude Pépin a su capter ces instants sur le fil qui oscillent entre grandes douleurs et joies intenses, nous offrant le très beau portrait d'une femme exceptionnelle au service des autres femmes. Un pur moment de cinéma du réel.