Naissance de l’écritJuste avant la lecture… L’écriture !
Palais de Knossos – Phaistos et son fameux disque – Malia (1700-1400 avt JC)
® Musée de Knossos
Aux sources de nos lectures se trouve l’écriture et plus précisément la création de l’écriture. Qu’est-ce qui a poussé l’Homme à vouloir « signifier » ses mots ?
Sur ce point, les archéologues ont des interprétations divergentes. Pour certains, la nécessité de comptabiliser les acquis, les boisseaux de blé, les têtes de bétail et mesures de terres pour établir l’impôt et de conclure des actes notariés a poussé l’Homme à trouver une solution quand la mémoire ne suffit plus. Il est vrai qu’ont été retrouvées de nombreuses –et longues- listes de possessions et autres contrats commerciaux.
Pour d’autres, il s’agissait surtout de donner l’éternité aux dons des Dieux aux hommes ; ces mêmes listes devenaient alors des énumérations des bienfaits divins. Et la parole des dieux ne pouvait qu’être écrite pour ne pas se dénaturer et garder sa pureté. Cela expliquerait que l’on ait retrouvé des oracles gravés dans des carapaces de tortues en Chine et que l’on utilise toujours des expressions telles que « c’est gravé dans le marbre » pour quelque chose qui ne bougera pas.
Dirons-nous, comme Platon, que l’écriture est la ruine de la mémoire ?
Quantité d’alphabets naissent… Tous différents, tous signifiants ! Au fur et à mesure, on abandonne l’écriture symbolique au profit des idéogrammes (toujours figuratifs mais stylisés) puis on s’achemine vers des systèmes alphabétiques correspondant à des sons décomposant les mots. Cela pourrait être la dernière évolution mais que penser des émoticônes et autres pictogrammes qui reprennent le chemin à l’envers ?
S’il y a une chose sur laquelle les archéologues s’accordent, ce sont les dates des premières gravures d’Homo Erectus : 500 000 ans avant J.C. Il faudra attendre 40 à 30 000 ans avant J.C. avant de voir fleurir les premiers symboles expressifs et encore patienter 3 500 ans avant J.C. pour la naissance de l’écriture de Sumer. L’Homme devait alors être mûr pour se lancer dans cette aventure car à travers le monde, de l’Amérique du Sud à la Chine, se créent des signes sur toutes les surfaces imaginables : murs, carapaces de tortue, écorces, os d'animaux sacrifiés, moelle de roseaux...
Plaquettes d'or gravées - ancien sanctuaire de Pyrgi - Port de Caere
® Mysterious Etruscans
On pourrait imaginer que l’Homme du XXIème siècle, casseurs de codes secrets, inventeurs des langages machines, a déchiffré toutes les écritures…
Mais non ! Par exemple, on connaît la civilisation étrusque, son raffinement, son art mais à ce jour, on ne comprend pas la langue étrusque écrite en caractères grecs. Et cela fait si longtemps que cette connaissance s’est perdue que l’on raconte que Numa, le mythique roi de Rome, n’avait déjà plus la possibilité de lire les dix livres divinatoires étrusques qui lui avait été octroyés pour diriger la Ville en roi juste et clairvoyant. Ce décodage-là attend encore son Champollion…