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Jardins extraordinaires et Paysages intérieurs
Le jardin, ferment de la civilisation et de la création artistique, a inspiré les grands artistes et la Médiathèque...

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Jardin. Le mot distille de fraîches gouttes de rosée. Il évoque la texture d’une terre labourée. Il rayonne de mille nuances, recréées à chaque instant par la lumière perçant des feuillages. L’émerveillement et l’harmonie, comme trait commun à tous les jardins d’un monde concret ou mythique.

 

Le jardin, reflet des civilisations

Mais qu’il s’agisse de parcs savamment orchestrés par des paysagistes inspirés ou plus modestement d’un petit potager travaillé avec abnégation, ou encore d’un refuge bucolique, le jardin est empreint des réminiscences d’un imaginaire collectif composé d’édens enchantés, de jardins suspendus de Babylone, d’Alhambra exotique ou encore de romantiques échappées.

Dessiner un jardin, c’est transformer le chaos en cosmos, c’est passer de l’état de nature à l’état de culture, c’est unir la terre et le ciel. Cette dimension symbolique sous-tend l’attachement des grandes civilisations à l’idéal des jardins ; tous les récits de la création du monde prennent pour cadre un jardin. Pénétrées de ce dialogue entre le temporel et le spirituel, la conception, la transcription et la perception des jardins entremêlent représentation et introspection.

D’un côté, le jardin devient l’expression du pouvoir et de la pensée. C’est le jardin d’Hadrien à Tivoli, celui de Louis XIV à Versailles, le jardin public du xixème siècle ou le parc André-Citroën. Face à ce jardin-manifeste, se dessine un espace de l’intime dans lequel l’individu entre par la contemplation d’une nature aménagée, par le travail de la terre ou par la création d’œuvres artistiques inspirées du jardin.

 

Le jardin, source éternelle d'inspiration artistique

Les artistes ont cherché de tout temps à rendre compte de leur beauté. Un défi que les peintres en particulier ont tenu à relever. Fresques antiques ou décor de scènes galantes chez Watteau ou Fragonard, la représentation des jardins trouve un apogée avec les Impressionnistes. Jamais la fugacité du paysage ne sera pareillement évoquée, même si Bonnard, Klimt ou Zao Wou-Ki rendent merveilleusement compte d’une nature organique.

Ce que les uns captent par l’œil, d’autres l’évoquent par la mélodie. Les jardins ont inspiré les plus grands musiciens : Nuits dans les jardins d’Espagne de Manuel de Falla, La Finta Giardinera de Wolfgang Amadeus Mozart ou Der Gartnër de Johannes Brahms égrènent les notes d’un jardin subtil et délicat. Le répertoire de la chanson n’est pas en reste du très fantaisiste Jardin extraordinaire de Charles Trénet au nostalgique Petit jardin de Jacques Dutronc.

Le jardin des mots

Des paroles qui s’inscrivent dans une continuité littéraire : théâtre de l’amour courtois au Moyen-Âge, le jardin devient l’objet d’une recherche de perfection à la Renaissance (Ronsard). Une idée de l’excellence qui se poursuit au xviième siècle bien qu’émerge dans le même temps une approche plus intime, dans la continuité de l’Astrée d’Urfé ; le jardin se fait lieu d’évasion. C’est sur cette base que se développe au xviiième siècle une nouvelle esthétique du jardin. Rousseau ouvre la voie aux Romantiques (Goethe, Hugo, Poe…) qui voient dans le jardin et le paysage des sujets privilégiés de leur expression et de leur sensibilité. Le choc des deux Guerres Mondiales suscite des labyrinthes désaffectés ou des espaces ruinés opposant idéal et dégénérescence sans jamais faire oublier la tradition d’un jardin intérieur, de Colette à Virginia Woolf. Enfin, les évocations désabusées et nostalgiques des jardins ouvriers et de banlieue laissent place à de nouvelles perspectives avec des jardins collaboratifs, partagés, levier d’une intégration sociale, marquant un rapport nouveau à la nature.   

 

Des approches qui font écho aux jardins roannais. Le jardin joue en effet un rôle capital dans l’identité de la ville et de ceux qui y vivent. La place des Promenades Populle ou les jardins ouvriers sont le théâtre de fragments de vie précieux, nostalgiques ou drolatiques. Demain, le Jardin des senteurs connaîtra de pareils émois.

 

Au cours de l'automne-hiver 2017-2018, à la Médiathèque, expositions, conférences, ateliers et concerts ainsi que romans, films, CD et recueils de conseils de jardinage vous ont fait la promesse d’une halte prolongée au jardin, pour se ressourcer et se cultiver… Cicéron lui-même le reconnaissait « Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut ».

Le Parc Monceau - Claude Monet - Metropolitan Museum - Bequest of Loula D. Lasker, New York City, 1961