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Lecture sur ordonnance
Ces livres qui soignent

Avez-vous déjà pensé au livre comme outil de soin ?

La bibliothérapie est une pratique peu connue en France, mais qui commence à trouver  une audience de plus en plus ample. Les éditeurs ne s’y sont pas trompés,  en publiant des livres qui « rendent heureux ». Mais ne tombons pas dans le piège rose bonbon de ces éditions commerciales. Des histoires simples et bienveillantes aux livres de bien- être, en passant par la littérature classique, chacun peut trouver le livre qui changera sa vie.

La bibliothérapie consiste à soigner les maux psychiques par les mots. Ainsi les troubles anxieux, les angoisses, les dépressions peuvent trouver un apaisement. Cette thérapie,  plus que douce, est reconnue dans les pays anglo-saxons, depuis qu’en 1916 un hôpital d’Alabama a prescrit des lectures salvatrices aux combattants blessés.

Marc-Alain Ouaknin est un précurseur de cette discipline en France. Dans son livre : Bibliothérapie, lire c’est guérir,  il décrit comment l’acte de lire a des répercussions sur le mental. Comment la lecture est « un rendez-vous privé,... seul avec soit même », comment elle permet de révéler un sentiment d’appartenance et d’ouverture, de ressentir des émotions, d’être vivant. C’est l’interprétation de ce que l’on lit qui devient en soi  thérapie. La lecture permet d’approfondir la connaissance des autres et de soi. Elle permet de supporter le réel grâce à des incursions dans la fiction. Mais pour Ouaknin seul l’acte de lecture compte et pas le contenu (n’en déplaise aux éditeurs…)

Plus récemment, l’auteur  Régine Detambel s’est inscrit  dans cette mouvance. Kinésithérapeute de profession, elle  dispense des formations et anime des ateliers de bibliothérapie. Dans son ouvrage  Les livres prennent soin de nous, elle réaffirme la philosophie de M-A Ouaknin selon laquelle  la forme prime sur le contenu. Ce sont les émotions, et le ressenti qui guérissent. La musique des phrases, le bruit des pages, l’odeur du papier même sont autant de médicaments. Pour l’auteur, cette thérapie sensorielle trouve sa source essentiellement dans les textes classiques. On le devine,  l’auteure bannit la  littérature « feel good »  et autres livres de recettes sur le bonheur et refuse l’idée de prescription.

Mais rien n’empêche de feuilleter avec curiosité le livre de Ella Barthoud et Susann Ederkin : Remèdes littéraires : se soigner par les livres qui dispense avec humour des ordonnances selon votre pathologie. C’est l’occasion de découvertes littéraires savoureuses et éclectiques. Ou encore l’ouvrage de la journaliste Christilla Pellé-Douël : Ces livres qui nous font du bien : invitation à la bibliothérapie qui fourmille  d’idées de lecture hors des sentiers battus, et qui parvient à transmettre son amour de la lecture avec enthousiasme.

On l’aura bien compris la bibliothérapie  recèle sa part de charlatans, au-delà des happy ends et des guides de développement personnel qui font florès, la bibliothérapie est une démarche intérieure et personnelle. Les textes ne disent pas la même chose à tout le monde. Il convient d’expérimenter par soi-même ce qui nous fait du bien. C’est un cheminement, une quête.

ER.