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L'Aimant - Lucas Harari

L'aimant

Harari, Lucas
Ed. Sarbacane

Un roman graphique étrange et beau, que l’on aborde avec respect dès la prise en main...

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L’aimant, c’est une métaphore qui montre l'attirance depuis plusieurs années de Pierre, étudiant en architecture, pour les thermes de Vals, bâtiments modernes construits sur un site romain antique par le célèbre architecte suisse Peter Zumthor et sur lesquels Pierre a commencé une thèse. Des bouffées délirantes lui ont fait perdre pied et détruire son document déjà bien avancé. Aujourd’hui, il va mieux et est à nouveau attiré par le bâtiment étrange. Prenant le train pour Vals, il est loin d’imaginer ce que renferme vraiment l’intérieur de ces murs…

L’aimant est le premier livre de bande dessinée de Lucas Harari, jeune auteur diplômé des arts décoratifs de Paris. Dans ce récit fantastique délicieusement amené et conclu, par le biais d’un récit «mis en abîme» à la première personne, (le fils du professeur Harari, ayant eu Pierre comme élève), celui-ci nous immerge dans le folklore suisse. Là, dans un village isolé, des thermes ancestraux restaurés cachent une porte dérobée, amenant vers d’autres dimensions. Le jeune Pierre, fasciné par le sujet, va s'y rendre à nouveau, en prenant d’abord place comme simple touriste, découvrant des autochtones plus ou moins séduisants, puis s’immergeant rapidement dans l’étrangeté des lieux, avant d’y perdre pied.

Si le scénario de son histoire pourra rappeler À la recherche de Peter Pan de Cosey, se déroulant aussi en Suisse à la montagne, et mettant en scène un couple amoureux, on aura également en tête l’étrange récit de Bézian avec Garde Fous, où une maison isolée et un lac sont au cœur d’un récit à tendance fantastique. Quant à l’aspect original du folklore quelque peu exagéré, on pourra le rapprocher du récent Homme gribouillé du suisse Frederik Peeters.

Au-delà de ces comparaisons scénaristiques, Lucas Harari développe une patte graphique très personnelle, baignant dans la Ligne claire, où le jeu des couleurs (bleu et rouge) souligne néanmoins un style esthétique primordial, lorsqu’il s’agit d’appuyer les lignes du bâtiment, ou plus généralement, l’ambiance étrange du récit. Entre Bézian (intrigues, rectitudes des lignes) et Jean Claude Denis (rondeurs et beauté féminines), Lucas Harari a trouvé son espace de création. Il fait mouche, signant une belle réussite.

Livre
BD/Manga