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Charly Marty
Rencontre - Médiathèque de Roanne

Samedi 11 janvier 2020
à 15h

 

Charly Marty s'est prété au jeu des questions-réponses à la Médiathèque de Roannais Agglomération - Roanne
© Médiathèque de Roannais Agglomération - Roanne

« Je suis ravi de cette rencontre puisque le sujet me passionne énormément car c’est moi-même » Ainsi, sourire aux lèvres, Charly Marty, comédien, chanteur, metteur en scène, a-t-il campé l’atmosphère dès le début de l’entretien qu’il a accordé à la Médiathèque de Roanne en ce samedi 11 janvier. Une mise en bouche bien dans son style, lui qui revendique adorer travailler les introductions des pièces qu’il met en scène.

 

Comment sera celle de Mais n’te promène donc pas toute nue de Georges Feydeau donnée au Théâtre ? Il ne donne que quelques indices car « Les Indiens ne peuvent pas dire le théâtre qu’ils font ». Par des ruses de Sioux, Charly Marty a été amené, à pas feutrés, à lever le voile.

Débarrasser Feydeau du « cliché »

Souvent, chez Feydeau, les farces conjugales glissent vers le burlesque voire l’absurde caricaturant très fortement la bourgeoisie de l’époque. En se penchant sur M. Ventroux, député ambitieux, et son épouse, Clarisse, qui ne cesse de se promener en tenue légère dans l’appartement, faisant fi des bonnes mœurs, Charly Marty et ses acolytes ont cherché à déchiffrer toutes les indications de mise en scène de Feydeau et comprendre son message pour se l’approprier. Il s’agissait en quelque sorte, de gommer l’image que l’on se fait de  Feydeau.

C’est pourquoi il a choisi de transposer la pièce, écrite en 1911, dans les années 70. Charly Marty promet ainsi un joyeux mélange afin que le spectateur se reconnaisse et, pourquoi pas, rit de lui-même. Pour ce faire, il conduit ses acteurs dans une partition millimétrée, où la musique, le corps, la voix servent l’intention de l’auteur : jamais il n’y recourt intentionnellement ; l’introduction de la musique ou de la nudité surviennent d’eux-mêmes, comme ça.

Extrait de Mais n'te promène donc pas toute nue de Feydeau

© Compagnie Les Indiens

Charly chanteur, l'alter ego de Charly Marty

Charly Marty - © Patrice Forsans

Il est libre, Charly

Ce faisant, Charly Marty évoque combien un spectacle évolue entre son intention première et sa production publique, voire même après. Ce qu’il s’agisse d’un choix personnel ou d’un travail de commande. Ainsi, pour Venus et Adonis, il imaginait donner au départ une lecture du poème de Shakespeare.

Ses Indiens se sont alors lancés dans une enquête, tels des détectives élucidant une énigme, faisant des recherches tous azimuts. La matière récoltée, si prolifique, ne permettant plus de se cantonner au seul Shakespeare, Charly a composé une œuvre originale. C’est avec émotion, et peut-être nostalgie, qu’il repense à cette liberté créative et au plaisir, à l’excitation et à l’amusement que cela lui a procuré.

Oh ! Temps ! Suspends ton vol ! Et vous heures propices ! Suspendez votre cours. Laissez-nous savourer…

Nostalgie, mélancolie, c’est bien là un sentiment qu’il cultive également à travers une autre facette, la chanson, « arme de séduction active ». Faut-il croire en ce sentimental aveu d’avoir tâté de la guitare et de la chanson très tôt pour séduire les filles sur les plages ?

C’est avec la même décontraction qu’il raconte la naissance de Charly Chanteur, par accident, en fin d’étude au Conservatoire où sa proposition de spectacle autour d’un morceau de viande hachée (si, si) repoussée par son professeur, il s’est inventé chanteur de ses propres textes et compositions dans Spleen (concert de théâtre). Et pour se prémunir de la grosse tête du chanteur seul en scène, il s’est planté sur le chef, une coiffe d’indien. Le chef de tribu était né.


Comme une plume au vent

Au fil de cet échange spontané, un profond sentiment de douceur, de légèreté, de liberté a envahi l’assistance, qu’un questionnaire de Proust « surprise » a fini de subjuguer. Charly Marty était en effet invité à répondre en musique par quelques couplets ou mesures, accompagné de sa guitare. Il se prêta au jeu non sans humour et avec une irrévérence taquine.

Guitare à la main, Charly Chanteur dans un questionnaire musical improvisé

 

Son compositeur préféré ? Résonne le 1er couplet d’Initials BB. La chanson qu’il aurait voulu composer ? Petite culotte de David Lafore… Et dans chaque réponse musicale, sa voix qui se joue des aigus malgré un tabagisme revendiqué pour conquérir des graves. La chanson dont il est le plus fier ? Celle qui parlerait le mieux de lui ? Les nuits dans mon lit. Et à chaque fois, des ambiances dépressives, mélancoliques, quoique très drôles. Enfin, la chanson qu’il souhaitait offrir in extenso au public ? La vie, l’amour, les voitures…

 

Sentant son public acquis, Charly Marty l’a entraîné hors du temps, du monde presque, en lui faisant reprendre en rythme les chœurs de la chanson, les uns assumant les aigus, les autres les basses. Résultat garanti, assistance conquise.

Médiathèque de Roanne