Willy 1er

Lorsque son frère jumeau meurt et qu’il se rend compte que ses parents ont apposé sa propre photo sur la tombe, Willy, la cinquantaine passée et illettré, décide de prendre enfin son envol.

Il ira vivre dans le village voisin, il aura son propre appartement, un scooter et des copains. Ces aspirations pourront sembler bien banales, mais pour Willy elles prennent l’aspect d’immenses défis. Rien n’est simple lorsque l’on ne sait pas lire et que l’on n’a jamais pu faire l’expérience d’une existence autonome.

Le village en question est un petit bourg sinistré de Seine-Maritime que beaucoup de ses habitants rêvent de quitter. Pour Willy, c’est un nirvana symbolisant la conquête de son indépendance, aussi minuscule qu’elle puisse paraître.

Willy 1er est de ces films bien éloignés des beaux quartiers, mais sans misérabilisme ni fascination malsaine. Willy n’a rien de parfait et se montre parfois odieux avec ceux qui acceptent de l’aider, comme le second Willy de l’histoire, un jeune garçon homosexuel raillé par les habitants du village. Toutefois, il y a chez le personnage principal plus de maladresse et d’ignorance qu’une réelle méchanceté. Il est innocent, au sens premier du terme, comme un éternel adolescent au corps de quinquagénaire, mais bien décidé à conquérir sa liberté et sortir d’une interminable enfance.

Si le film n’est pas autobiographique, le parcours de l’acteur Daniel Vannet est en de nombreux points similaires à celui de son personnage, Willy. Il a été repéré par les réalisateurs dans un reportage sur une association de lutte contre l’illettrisme. Après s’être fait avoir pendant des années par un employeur qui profitait de son handicap pour le sous-payer, Daniel Vannet a lui aussi repris le contrôle d’un parcours dont ce film est peut-être le point d’orgue.

Willy 1er peut être visionné sur Arte VOD et sa bande originale écoutée sur DiMusic. Veillez à vous connecter préalablement sur le site des Médiathèques en utilisant vos identifiants pour que les liens fonctionnent.

AG