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Pupille - Jeanne Herry

Pupille

Herry, Jeanne 1978 - ... (Scénario)
Voo

Théo vient de naître « sous X », sa mère a deux mois pour confirmer sa décision. Passé ce délai, il deviendra pupille

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Dès la naissance du petit garçon la machine de « l’Aide sociale à l’enfance » se met en marche. Dans une mécanique administrative implacable, les protagonistes des services sociaux enclenchent la prise en charge de Théo. Les puéricultrices prennent le premier relais. Le film montre avec précision la nécessité de gérer l’urgence de ces naissances peu ordinaires, tandis que des parents en devenir sont au contraire confrontés au temps long de l’administration.

La coordinatrice, campée par Miou-Miou, en cheffe d’orchestre déterminée d’un branle-bas de combat qui impactera tant de destins, fait au mieux de ses moyens pour donner un avenir à Théo. L’assistante sociale, incarnée par Sandrine Kiberlain est investie et attachante . La réalisatrice, Jeanne Herry, s’est affranchie des clichés : la jeune mère n’est pas une paumée, les services sociaux font leur travail et  l’assistant familial est UN assistant. Ce parti pris oriente le film d’une manière inattendue : la rencontre avec celui qui sera les bras et l’amour transitoire, interprété par Gilles Lellouche, engage le film sur la voie de la modernité et de l’évolution de la structure familiale.

Tous les personnages murmurent à l’oreille de ce bébé à qui l’on explique à voix haute et sans ambiguïté son destin singulier. Les mots de l’abandon sont dits dans une parole  qui deviendra d’or et qui sera le fondement de son devenir et le début de son épanouissement. Sans pathos, et avec une émotion juste, la cinéaste rend hommage à ceux qui se mobilisent autour du bien-être de ces enfants tombés du nid. Elle souligne que l’adoption ne sert pas à guérir la souffrance des couples en mal d’enfants, mais à assurer le bien-être d’un orphelin. Une adoption qui n’est évidemment pas un accouchement mais « une greffe » au cœur d’une famille.

Une vraie sérénité se dégage de ces êtres en attente. Alors que le drame aurait pu prévaloir, la réalisatrice à choisit d'écrire un film comme on tisserait un cocon autour du tout petit. Le propos est documenté, les obstacles surmontés. Dénué de tout angélisme, le regard  de Jeanne Herry est cependant résolument positif sur le système d’accouchement sous X et de l’adoption en France. L’ensemble donne une œuvre instructive, émouvante et douce. Une bouffée d’espoir qui laisse à croire que lorsque le train déraille des aiguilleurs en vigilance seront là pour ouvrir une nouvelle voie.

ER.

DVD
Cinéma