Ouaga Girls - Theresa Traore Dalberg

Sculptrice et photographe, Theresa Traore Dahlberg articule ses créations autour de trois grands axes : les conditions de travail, le post-colonialisme et le rôle des femmes. Avec Ouaga Girls, elle suit le quotidien de jeunes burkinabées qui cherchent à gagner leur indépendance en apprenant des métiers a priori destinés aux hommes...

Bintou, Catherine, Chantal, Dina et Mouniratou sont dans leur quatrième et dernière année d’études au Centre féminin d’initiation et d’apprentissage aux métiers. Elles ont choisi la mécanique, la carrosserie ou la tôlerie-peinture. La solidarité qui les lie leur permet de tenir le coup dans ces derniers mois d’apprentissage longs et difficiles.

La caméra les suit au plus près, capte leurs corps, leurs confidences, leurs rires, comme pour nous faire entrer dans leur cercle. Pas de narration ici, seule la parole des jeunes filles compte. Les entretiens avec la psychologue tranchent : loin de la mécanique de groupe, elles se livrent plus intimement laissant entrevoir au fil des mots des problématiques qui les ont fait sortir tôt de l’adolescence.
Parmi les scènes notoires, on retiendra cette intervenante du planning familial qui suggère de se concentrer uniquement sur les études, d’éviter l'alcool, la drogue et les mauvaises fréquentations pour ne pas tomber enceinte trop jeune... Les jeunes filles rient sous cape. Peut-on être sérieux(se) quand on a dix-sept ans ?

Ce n'est pas un hasard si ce centre de formation se trouve au Burkina Faso ; il s’inscrit dans l’héritage politique et social de Thomas Sankara. L'ancien président progressiste assassiné dans les années 80, avait beaucoup œuvré pour l'émancipation des femmes burkinabées (autonomie familiale et professionnelle, abolition de l'excision, nomination à des postes importants...) 

Ouaga Girls n’est pas à proprement parler un film féministe, c’est une tranche de vie partagée de jeunes femmes d’Afrique de l’Ouest au XXe siècle, loin de tout misérabilisme ou compassion excessive.

C.A.