Nord-Est - Antoine Choplin

Dans un pays indéfini, à une époque inconnue, la guerre s’éloigne enfin et quatre hommes décident de franchir les portes du camp où ils étaient prisonniers, désormais ouvertes.

Ils se souviennent ou ont entendu parler d’un lointain pays de Cocagne qu’ils appellent "les plaines du Nord-Est". Là-bas, pensent-ils, une meilleure vie les attend peut-être, où ils vivront simplement, mais en ne manquant de rien.

Nord-Est relate donc le voyage à pied de ces hommes, presque armés de leur seul courage, ainsi que des compagnons qu’ils croiseront sur leur trajet, qui les accueilleront le temps d’un peu de repos ou les accompagneront dans leur quête. Rien ne dit s’ils trouveront ou non ce pays qui n’est plus qu’une lointaine réminiscence ou un fantasme, très certainement déformé, enjolivé. La déception est peut-être à la hauteur de l’attente ? C’est un lieu commun souvent employé mais qui est approprié ici : ce n’est pas tellement la destination qui compte que le voyage, les rencontres, les quelques éléments que le lecteur parviendra à grappiller sur ce monde si proche et si lointain.

Antoine Choplin reste volontairement avare en détails au fil de son récit. Ses personnages font preuve d’un pragmatisme parfois proche du mutisme, comme des bêtes craintives qui s’apprivoisent petit à petit et se laissent aller à exprimer leurs émotions : l’un par la poésie, l’autre par des gestes d’attention envers ses camarades, un troisième par le dessin.

Quelles que soient leurs différences de caractères, néanmoins, il existe toujours une franche solidarité entre eux. En laissant habilement transparaître leurs rêves, leurs espoirs et leurs aspirations face à la tranquille hostilité des environnements qu’ils traversent, en restant évasif sur le pourquoi de leurs motivations et en insistant sur le comment de leur épopée, Antoine Choplin vise une forme d’interrogation universelle sur les attentes profondes de l’être humain et sur son profond désir de liberté.