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Moi ce que j'aime c'est les monstres - Emil Ferris

Moi, ce que j'aime, c'est les monstres. 1

Ferris, Emil 1962 - ...
Monsieur Toussaint Louverture

Un roman graphique-monde, suscitant émotion et admiration, dans les pas de la littérature fantastique et de l'art brut 

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Jeune illustratrice, Emil Ferris perd à 40 ans l'usage de sa main droite. Avec persévérance, elle réapprend à dessiner et devient diplômée du Chicago Art Institut. Elle se lance alors dans l'écriture d'un roman graphique de 400 pages, entièrement dessiné au stylo bille, qui fait appel à la fois à son histoire personnelle et à sa passion pour la littérature fantastique, l'art et les comics, et donne vie à un univers intime ancré dans les Etats-Unis des années 60.

Karen, 10 ans, vit avec sa mère adorée et son frère, Deeze, flambeur, séducteur, beaucoup plus âgé qu'elle, marginal et féru de peinture, qui la protège. Très pauvres, ils habitent dans un immeuble d'Uptown à  Chicago, dont Karen observe la vie, et notamment les curieux occupants, auxquels elle prête des qualités fantasmagoriques, passionnée qu'elle est par les créatures fantastiques et monstrueuses. Un jour, la belle Anka est retrouvée morte tuée d'une balle dans le coeur. Karen, persuadée qu'il s'agit d'un crime, se met à enquêter à sa façon, en une quête qui mêle réalité et imaginaire. Elle passe de l'immeuble à la rue, puis au quartier, observant de son regard d'enfant la misère, le racisme, la violence. Une âpreté qu'elle découvre également toute proche lorsque sa mère tombe gravement malade et que se dessine de manière de plus en plus impérieuse le mystère qui entoure la figure secrète du père.

L'histoire de Karen pourrait être sordide mais se voit métamorphosée par l'esprit d'enfance qui anime Emil Ferris et prête à sa création un humour, une liberté, une fraîcheur créant un contraste poignant avec la réalité décrite. Le magnifique dessin, couvrant la page avec une liberté souveraine, emprunte au surréalisme, au comics, à l'art brut mais aussi à l'histoire de l'art académique, à travers les visites au musée de Karen et Deeze notamment. Les influences sont multiples : Maurice Sendak, Art Spiegelman, Crumb mais aussi Van Gogh ou Goya,... L'album raconte l'histoire d'une transfiguration, d'une volonté de compréhension du monde par l'art et la fiction, où la beauté permettrait de supporter l'impossible, y compris la perte d'une mère et l'absence d'un père. La représentation de Karen en mini loup-garou est particulièrement émouvante. 

Portrait d'une société américaine multiethnique et clivée, récit d'une enfance pleine de malêtre et de timidité, Moi ce que j'aime c'est les monstres transfigure la marginalité et suscite de nombreuses émotions chez le lecteur, compassion, colère, admiration. La progressive révélation d'un secret familial, à la toute fin de ce premier volume, rend difficile d'attendre sereinement la parution du tome 2, en cours de traduction...

Livre
BD/Manga