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Men and Chicken - Anders Thomas Jensen

Men & Chicken

Anders Thomas Jensen (Scénario)

Lorsque l'adage On ne choisit pas sa famille prend corps

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À la mort de leur père, Elias et Gabriel ne s'attendent pas à la révélation ce que ce dernier va leur faire via une vidéo posthume : il n'est pas leur père biologique… au même titre que leurs mères respectives. Dès lors, armés du nom de leur "véritable" père – un célèbre généticien -  les deux frères vont partir à sa recherche. Leur quête se révèlera être un fleuve loin d'être tranquille car en cherchant un père, ce sont trois demi-frères qu'ils vont trouver sur la petite île d'Ork.

Et quels frères ! Tous affublés de tares physiques, plus dégénérés les uns que les autres, ils ne semblent communiquer que de façon primaire à coup d'animaux empaillés ou autres objets contondants. Et pourtant, cette petite société réussit bon an mal an à vivre en autarcie, sous l'apparente autorité d'un père curieusement invisible. Si Elias et Gabriel ne reçoivent pas un accueil des plus chaleureux de la part de leurs frères, ils peuvent compter sur l'aide du maire de l'île et de sa fille pour apprivoiser la fratrie et percer le mystère de leurs origines.

Bien que  le propos du film soit vu et revu – deux frères s'embarquent pour un road-movie à la recherche de leur père – le traitement qui en est fait est, lui, totalement original. Pour délier son propos, le réalisateur Anders Thomas Jensen, s'appuie sur une galerie de personnages plus loufoques les uns que les autres, à la limite de la galerie de monstres. Les cinq frères ont en commun de présenter un bec de lièvre et quelques pulsions plus ou moins dérangeantes : l'un ne peut s'empêcher de frapper, un autre semble sans cesse sur le point de vomir, tandis que le personnage joué par Mads Mikkelsen se voit contraint de céder régulièrement à une envie récurrente de se masturber !

"Vous êtes tous dingues ! Oui, je sais mais on est vos frères"

Vrai film de monstres, Men and Chicken est avant tout une œuvre complexe où le réalisateur interroge le spectateur sur le déterminisme social, le rapport à l’animal, la part d'animalité qui dort en chacun de nous et que nous sommes prêts à embrasser. Le film balance sans cesse entre hilarité, pitié, tendresse ou même dégoût. On ne peut qu'être touchés par cette famille de bras cassés qui, malgré leur manque d'éducation et le caractère prééminent de leurs instincts, tentent malgré tout de vivre en harmonie. Tout cela sous des apparences de normalité - que les nombreuses scènes de repas viennent incarner - mais selon des règles et des codes qui leurs sont propres (souvent très éloignés de ceux des gens dits "normaux"). Pour incarner ses personnages, Jensen s'est entouré de l'excellent David Dencik (qui campe l'intello de la fratrie) et d'une partie de ses acteurs fétiches : Nicolas Bro, Nicolaj Lie Kaas ou Mads Mikkelsen. Ce dernier est d'ailleurs méconnaissable : laid, obsédé, dégoûtant, dérangeant… il prouve, s'il en était besoin, qu'il est décidément un très grand acteur.  

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