Maigret à New-York - Georges Simenon
Il y a foule en ce matin brumeux de 1942 sur les quais du port du Havre. Le paquebot Transatlantique en partance pour New-York effectue les dernières manœuvres, la sirène retentit mêlée aux cris plaintifs des mouettes. Les passagers sur le pont agitent leurs mouchoirs, une silhouette imposante emmitouflée dans un pardessus avec une pipe au coin de la bouche se distingue de la foule.
Cette silhouette familière, vous l'avez deviné, c'est notre Maigret, que le monde nous envie, souvent copié jamais égalé. Bien que retraité depuis peu et coulant des jours paisibles à Meung-sur-Loire, notre cher commissaire n'a pas résisté à l'appel au secours d'un jeune homme inquiet pour son richissime père vivant aux États-Unis, et dont le silence le préoccupe vivement. Il n'en fallait pas plus à Maigret pour s'élancer au-delà des océans afin de faire toute la lumière sur cette étrange affaire. Étrange aussi de le voir arpenter non pas le boulevard Richard Lenoir ou les quais de Paris, mais la 42e rue, déambuler sur broadway, entrer dans les cafés saturés de néons qu'il ne connaissait qu'à travers les illustrés et autres magazines.
Décidément, Maigret ne se fait pas à "l'American way of life" et râle à tout bout de champ, en bon français qui se respecte. Ses méthodes policières détonnent outre atlantique, son homologue américain bien que dubitatif reste impressionné par sa réputation. Georges Simenon met en opposition ces deux modus operandi. Pour les enquêteurs locaux, c'est le criminel que l'on recherche, la victime elle n'a droit qu'à un entrefilet dans la presse. Maigret, lui, n'a que faire du criminel, préférant comme a son habitude découvrir qui était la victime, son univers, son intimité, pour au final dénouer le mystère. Il n'a de cesse, comme dans toutes ses enquêtes, de rétablir la justice.
Classique parmi les classiques, l'œuvre de Georges Simenon se hausse au niveau des plus grands noms du roman d'enquête, aux côtés d'Agatha Christie, Sir Arthur Conan Doyle ou encore Gaston Leroux.