L'extraordinaire voyage du chat de Mossoul raconté par lui-même - Elise Fontenaille et Sandrine Thommen

Habibi ( « mon chéri » en arabe) est le plus heureux des chats de Mossoul. Il coule des jours paisibles dans un jardin plein d’orangers et de palmiers, choyé comme un pacha par sa maîtresse Samarkand et ses quatre filles. Un jour les « hommes en noir » (Daech) surgissent pour semer la terreur ; la famille prend la fuite n'emportant rien d'autre que son chat.

Commence alors la longue et chaotique route de l’exil avec son cortège d’incertitudes et de tensions. Quand le canot qui les transporte accoste à Lesbos, point névralgique du parcours des réfugiés, là où la foule se fait plus dense, Habibi s’échappe. La famille le cherche en vain avant de devoir repartir, la mort dans l’âme. Sur cette île grecque le chat blanc angora détonne ; rejeté par ses congénères il est pris en charge par les habitants. Une mobilisation via les réseaux sociaux permettra de localiser la famille finalement établie en Norvège et le chat sera rapatrié. Les sanglots qui l’accueillent sont intenses. Pour Samarkand et ses filles, Habibi symbolise à lui seul tout ce qui reste de leur ancienne vie. Ce happy end complètement  improbable est celui d’une histoire vraie ! Le chat s’appelle en réalité Kunkush et les retrouvailles avec ses maîtresses ont été filmées par le journal The Guardian.

Lors d'un séjour en Irak, Élise Fontenaille entend parler de cette histoire. « J'ai tout de suite pensé à en faire un album, afin de parler autrement des migrants aux enfants (et à leurs parents), d'une façon plus légère et joyeuse, moins tragique, que celle dont on a l'habitude  », explique-t-elle à la fin du livre.
Le récit est à hauteur d’enfant : le conflit reste en arrière-plan et l’on se prend de sympathie pour ce gros chat blanc qui raconte son voyage avec tendresse et humour. Le texte est magnifiquement servi par les illustrations de Sandrine Thommen dont le trait et les tonalités évoquent les estampes japonaises.

Cécile