Les villes de la plaine - Diane Meur
Dans la lointaine Antiquité s’élevait sur une plaine une noble cité nommée Sir. Ses juges se chargeaient de faire appliquer scrupuleusement le livre des lois rédigé par Anouher, un législateur devenu légendaire.
Le scribe Asral reçoit un jour l’honneur de rédiger une nouvelle copie du texte sur lequel repose toute la civilisation siriote. En discutant avec Ordjéner, son nouveau garde venu d’un village de montagne, Asral se rend compte que celui-ci ne donne le même sens aux mots. Pour Ordjéner, regarder ne signifie pas exactement voir mais faire face à. Asral comprend que la langue d’Anouher, parlée à une époque archaïque et dont les montagnards sont restés proches, n’est plus du tout la même que celle de ses contemporains. Ainsi, les chroniques ne rapportent pas qu’Anhouer était borgne, comme les Siriotes ont pris l’habitude de le représenter, mais qu’« un rideau en cachait la moitié aux yeux », ce qui peut vouloir dire tout autre chose.
Asral prend conscience que la parole d’Anouher, reproduite au mot près depuis des siècles, est peut-être mal comprise, déformée et réinterprétée. Par amour pour lui et pour retrouver le véritable sens de ses enseignements, Asral décide de se lancer dans une recherche de l’Anouher historique. De plus, il débute en secret, en parallèle de sa tâche officielle, la rédaction d’une seconde copie de la loi dans laquelle il s’autorise reformulations et modernisations.
Si la civilisation imaginée par Diane Meur est fictive, il est facile de lui trouver des inspirations historiques et des échos contemporains. Dans Les villes de la plaine, l’auteure réussit à rendre la quête d’Asral captivante et à nous interroger sur le rapport entre l’écrit et son interprétation, la transmission du savoir et surtout, le possible accaparement du pouvoir par une caste de spécialistes.
AG