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Les services compétents - Iegor Gran

Les services compétents

Gran, Iegor 1964 - ...
P.O.L

Dans l'URSS post-stalinienne, la traque d’un écrivain dissident par le KGB.

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En février 1959 paraît dans la revue française Esprit un traité d’esthétique signé Abraham Terz ironisant sur le réalisme soviétique, doctrine officielle du parti. C’est le début d’une longue chasse à l’homme qui débute pour le lieutenant Ivanov du KGB.

À travers le regard zélé de ce jeune agent en charge de la propagande anti soviétique, Iegor Gran dresse le portrait saisissant d’une URSS en plein dégel. Dans cet univers de paradoxes on déplace furtivement Staline du mausolée qu’il partage avec Lénine, Brejnev boit du Pepsi Cola lors de l’exposition nationale américaine de 1959 et Khrouchtchev s’endort devant Huit et demi de Fellini. Alors que le communisme hésite et vacille, pour les services compétents la sédition est partout, dans l’encre des faux blue-jeans qui veine de bleu l’émail des baignoires et dans les airs de jazz gravés clandestinement sur des radiographies médicales qui s’échappent des portes closes.

Mélange d’absurdité et sens de la satire, on retrouve ici la plume alerte et grinçante d’Iegor Gran qui avait reçu le Prix Humour noir en 2003 pour son roman O.N.G! Pourtant, sous ces airs de thriller historique et son ton ironique, il nous livre ici un roman profondément personnel : l’homme que le lieutenant Ivanov traque n’est autre que son propre père, Andreï Siniavski.

En adoptant le point de vue des services compétents, l’auteur fait un pied de nez facétieux au destin et s’affranchit de la tentation victimaire. Des sept années de goulag à laquelle son père fût condamné et dont il reviendra brisé physiquement, Iegor Gran ne nous dira rien. 

La force de son récit est ailleurs. Elle est dans l’affirmation du pouvoir de l’humour et de la littérature comme acte de résistance.

Je n’ai avec le régime soviétique que des divergences esthétiques 

Andreï Siniavski

 

 

Livre
Roman