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Le Manuscrit trouvé à Saragosse - Wojciech Jerzy Has

Le manuscrit trouvé à Saragosse

Has, Wojciech Jerzy 1925 - 2000 (Réalisateur / Metteur en scène / Directeur artistique)
Malavida

Un film polonais de 1965 se déroulant au siècle des lumières dans une campagne espagnole. Tout simplement culte.

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Le Manuscrit trouvé à Saragosse est tout d’abord un livre. Écrit par l’auteur polonais francophone Jean Potocki dès 1794, ce dernier en réalise cependant deux autres versions, la dernière en 1810. Ce livre, inspiré du Décameron de Boccace (1349-1353), se compose de la narration de soixante et une journées et d’un épilogue.

Peu reconnu à sa parution, malgré une première traduction polonaise en 1847, le livre a été redécouvert sur le tard et « traduit » en France en 1958 partiellement, puis en 1989 dans une version définitive. Le réalisateur polonais Wojciech Jerszy en propose cependant une adaptation dès 1965, sur un scénario de Tadeusz Kwiatkowski .

Au début du XIXe siècle, en Espagne, pendant les guerres napoléoniennes, un soldat et un officier découvrent un vieux manuscrit qui, curieusement, relate l’histoire d’Alfonse van Worden, capitaine de la garde wallonne et grand-père de l’officier. La Sierra Morena qu'il choisit de traverser pour se rendre à Madrid, jouit alors d'une sinistre réputation. A l'orée de cette contrée maudite, un gibet orné de pendus suppliciés met en condition le voyageur assez intrépide pour s'y aventurer. C'est là pourtant qu'à travers les étapes et les épreuves d'une quête initiatique faite de terreurs et de délices alternés, le jeune Alphonse s'engagera dans la voie du vrai savoir…

Le Manuscrit trouvé à Saragosse agit sur le spectateur tel un parfait conte fantastique. L’ambiance de ces monts arides et de cette époque ancienne, le huis-clos de l’auberge d’où partent la plupart des récits, l’érotisme troublant des deux sœurs Emina et Zibeddé, la musique envoûtante de Krzysztof Penderecki, et la mise en abîme de chaque histoire, tout comme l’aspect fantasmatique des impressions du capitaine, renforcent ce sentiment.  Une poésie étrange émane de ce film, dont on a du mal à trouver des exemples similaires.
Comme l’explique Ann Guerin Castel dans ses articles consacrés au film et au réalisateur, il s’agit « d'un film sublimement corrosif » puisque celui-ci réussi à dénoncer les travers du communisme polonais sans se faire censurer. À (re) découvrir, absolument.

FG
 

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