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La Traviata - Giuseppe Verdi

La traviata : opéra en 3 actes

Verdi, Giuseppe 1813 - 1901
Deutsche Grammophon

Le génie verdien galvanisé par un chef extraordinaire et magnifié par Ileana Cotrubas et Plácido Domingo. Une Traviata...

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Paris, sous la monarchie de Juillet, Violetta Valery, courtisane lancée dans le monde, se sait condamnée par la tuberculose. Quand se présente Alfredo Germont, un jeune soupirant, s’entrouvre la perspective d’un amour vrai et ultime, vite contredit par les injonctions bourgeoises et l’hypocrisie de la bonne société…

Voilà 40 ans que Carlos Kleiberà la tête des musiciens de l’Orchestre d’État de Bavière, a livré cette interprétation. Et c’est avec le plus profond attachement que nous y revenons tant cet enregistrement présente un équilibre musical et dramatique miraculeux. Le chef mène les protagonistes dans un contre-la-montre émotionnel qui culmine avec la mort de Traviata : la vitalité des tempi, les couleurs (des teintes chambristes dans les moments d’intimité alternant avec l’opulence orchestrale) ou encore la justesse des atmosphères – il faut entendre le déchirement des vents – tout concourt à servir l’expressivité de chanteurs au sommet de leur art.

Voix cuivrée et musclée, Plácido Domingo offre d’Alfredo un portrait plus héroïque que romantique ; il dépeint un homme traversé par les élans de la passion, jaloux de son bonheur avec Traviata. Un rien de légèreté aurait idéalement parachevé cette composition mais quel panache et quelle dévotion dans ce chant.

Que dire enfin d'Ileana Cotrubas ? Certes nous nous pâmerons ailleurs face à l’émotion violente d’une Callas, Traviata pour l'Éternité, ou à l'hédonisme d'autres divas. Ileana Cotrubas, elle, n’est que fragilité et délicatesse. Son timbre argentin et son soprano lyrique-léger font merveille : le souffle léger qui passe dans chaque note, le vibrato, rappellent en permanence les affres de la maladie. Simple et sincère, sa Violetta est davantage une femme-enfant, très proche du portrait conservé de Marie Duplessis, inspiratrice de La Dame aux Camélias et de La Traviata.

Traviata trouve en ces interprètes une vérité sans fard. Bien avant son poignant Addio del Passato et sa mort, Violetta atteint à la pureté angélique dès la fin du 3ème tableau, quand, humiliée par Alfredo devant ce tout-Paris si illusoire qui l’oubliera bien vite, elle lui déclare Alfredo, Alfredo, di questo core, non puoi comprendere tutto l'amore (Alfredo, Alfredo, de ce cœur tu ne peux comprendre tout l’amour). Si Alfredo réalisera trop tard la valeur d’un tel don, les auditeurs que nous sommes, le ressentons dans chaque inflexion musicale et vocale. Violetta / Ileana nous bouleverse intensément et durablement. Et nous voilà transportés avec elle loin de toute bassesse, dans l’absolue et incomparable beauté. Viva Verdi !

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