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La Nueve - Paco Roca

La Nueve : les républicains espagnols qui ont libéré Paris

Roca, Paco 1969 - ...
Delcourt

Qui se souvient de la Nueve ?

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Peu de Français savent que ce sont des républicains espagnols qui entrèrent les premiers dans Paris, la veille de la Libération de la Capitale, en 1944. Ils composaient en partie la 9e compagnie de la Division Blindée du Général Leclerc. L’histoire les a oubliés au profit des Français qui ne sont arrivés que le lendemain. Ils ont sacrifié une bonne partie de leur vie pour la lutte contre le fascisme, y compris dans l’Hexagone. À travers ce roman graphique, nous découvrons d’incroyables et courageux résistants, la destinée de réfugiés espagnols pendant la seconde guerre mondiale.

Une partie des œuvres de Paco Roca prend racine dans la culture de son pays d’origine, l’Espagne. Avec La Nueve, l'auteur présente un champ historique peu connu en France et un récit intéressant. Tout au long de l’histoire, un jeune auteur recueille le témoignage d’un vieux combattant espagnol, Miguel. Ce dernier raconte sa guerre et ses souvenirs. Il commence par une déchirure :  le départ violent d’Espagne en 1939. Il décrit une effroyable traversée de la Méditerranée pour arriver en Afrique du Nord, mais se rappelle aussi les conditions inhumaines dans lesquelles Vichy a interné les fugitifs de la Guerre civile. Il échappe aux troupes franquistes, à l’étau de Vichy, pensant que les alliés libéreraient l’Espagne du Franquisme. La compagnie qu’il va incorporer, La Nueve, connaît les combats contre les troupes de Rommel, le rattachement aux troupes françaises libres, le débarquement en Normandie, la Libération de Paris jusqu’au nid d’Aigle en Allemagne !

Les scènes de fuite, de guerre et les séquences dans le passé sont cinglantes. Ce roman graphique propose un bel équilibre entre détails et émotion. Sobre et élégant, le dessin traduit avec efficacité les douleurs de ces libertaires vaincus de la guerre civile. Dans une démarche pédagogique, Paco Roca nourrit le récit de références historiques. Il évoque le présent en noir et blanc et traduit peut-être un certain désenchantement. Le passé est traité en couleur, comme pour souligner le caractère intact des souvenirs de Miguel. Enfin, l’auteur évoque subtilement l’étonnement de la nouvelle génération au regard de la grande discrétion de ces hommes méconnus. Il souligne ainsi la dignité et les failles de ces héros.

L’angle journalistique permet une approche documentée et s’inscrit dans un devoir de mémoire(s) Cet épisode a été des années durant oublié en toute discrétion historique pour assoir le mythe de la reconquête de Paris par des troupes françaises de Leclerc. Aujourd’hui, la ville de Paris a honoré ces libérateurs et des débats et rencontres ont eu lieu. La Nueve s’inscrit dans ce mouvement. Mélange subtil de petite et grande histoire, la Nueve éveille notre conscience.

Livre
BD/Manga