La grande escapade - Jean-Philippe Blondel

Cinq familles d’enseignants vivent dans le groupe scolaire Denis Diderot, en Champagne. Au cœur des années 70, ce microcosme évolue entre querelles et grandes amitiés enfantines et l’équipe pédagogique voisine de palier.

Jean- Philippe Blondel déroule ici une galerie de personnages « vintages » et savoureux, où les espoirs et les désillusions rythment ce quotidien de « pédagos » post soixante-huit. Lui-même enseignant, il croque avec réalisme la vie en communauté, armé d’une écriture alerte et drôle.

Cette microsociété apporte son lot de situations cocasses, d’amours contrariées sur fond de réunions pédagogiques, d’instituteurs à l’ancienne, de directeurs emblématiques et d’une incontournable fête de l’école.

A « Diderot », les murs ont des oreilles et les traditions ont la vie dure. Cette sorte d’encasernement frémit  pourtant sous le vent du changement. La mixité dans les classes s’instaure progressivement. Les nouvelles méthodes pédagogiques bouleversent les certitudes « des hussards de la République ». Les mères se rêvent en femmes libres, accomplissant leurs rêves d’indépendance loin de leurs maris tout-puissants.

Subtilement, l’auteur déplace le curseur des enfants vers les adultes, emportant tout ce petit monde de mesquineries et de camaraderie dans une tranche de vie enlevée. Un univers formaté qui, peu après le premier choc pétrolier, ne connaît pas encore la crise, et s’épanouit dans le confort d’une vie encore toute tracée.

C’est bien une époque charnière, décrite avec charme, que nous invite à lire Jean-Philippe Blondel. Une douce nostalgie qui sent bon la colle blanche et le malabar.

ER.