La Fragilité - Dominique A
Avec La Fragilité, Dominique Ané, au sommet de son art, nous offre un double album lumineux, serein et intimiste qui procure l’impression d’une contemplation paisible du monde.
Après Toute latitude, sorti au printemps, La Fragilité est le 2e disque de Dominique A paru en 2018, témoignant de sa créativité l’année de ses 50 ans.
Fidèle à son habitude, chacun de ses albums se construit « en réaction au précédent ». Pas d’exception ici, les deux derniers se complètent comme les parties d’un diptyque. Aux rythmes et à l’énergie d’un groupe électrique répondent ici des arrangements minimalistes et apaisés enregistrés « à la maison ». Comme sur La musique (2009), l’artiste nantais joue lui-même de tous les instruments : claviers, boites à rythmes et guitare acoustique - celle utilisée en 1995 sur La mémoire neuve, dont les cordes jamais changées depuis sont au bord de la cassure, donnant une couleur sonore particulière. Le plus souvent, les premières prises ont été retenues pour le disque, d’où une impression de grande spontanéité.
Chaque journée te la réclame
Dans le corps à corps permanent
Des egos toujours plus saillants
Dans les conflits qui nous désarment
Chaque jour cherche à t'arracher
Ce que tu as de plus précieux
Ce qui te fait garder les yeux
Ouverts : ta fragilité
La grande élégance d’écriture de Dominique A est toujours présente : il se revendique comme auteur autant que comme musicien. « J’ai fait une intervention dans une école où je disais aux gamins que ce que je faisais était un truc de vieux, alors pourquoi ça leur plaisait ? Ils m’ont répondu : "Tu sais, on ne danse pas sur ta musique, on danse sur tes mots." »
La plupart des textes de ces nouvelles chansons se révèlent plus directs que sur ses précédents disques. Leurs thèmes sont la ruralité (le grand silence des campagnes), la nature (Beau Rivage, La Loire, La route vers toujours), le temps qui passe et la mémoire (Comme au premier jour, Le ruban), les émotions amoureuses (Et alors j’ai levé les yeux, J’avais oublié que tu m’aimais autant)… Le titre d’ouverture, La poésie est quant à lui un somptueux hommage à Leonard Cohen.
Une réussite qui peut s’écouter en boucle sans lasser.
Olivier N.