La civilisation du poisson rouge - Bruno Patino

La vie actuelle connectée à Internet et aux réseaux sociaux : un océan d’inattention !  Les chiffres sont vertigineux : en moyenne cinq heures par jour sur les écrans, trente actions par heure d’activité…

Nous tournerions en rond comme dans un bocal, comme si le monde se révélait à chaque connexion, attentifs à des signes envoyés brièvement mais en continu captant notre attention et stimulant un besoin de reconnaissance.

Au cœur du système, Bruno Patino décrit avec simplicité le mécanisme de l’économie de l’attention. Par une analyse courte et dense, il développe l’idée d’une transformation profonde des esprits. Les millenials forment un groupe particulièrement exposé à cette évolution. Ce ne serait pas le fruit du hasard mais le produit d’une stratégie économique optée par les grands acteurs du web tels que Google, Facebook et autres consorts. Captologie, récompense comportementale, contenus formatés par la capacité d’attention, mécanismes de dépendance, rapport au réel modifié : autant de ressorts permettant de mieux comprendre cette « mécanique » infernale !

Le Directeur éditorial de la chaîne Arte et de l’Ecole de journalisme de Sciences Po nous dresse ici un portrait alarmiste d’Internet : l’idéal humaniste, certains diront l’utopie, d’un web ouvert au partage de la connaissance semble brisé. L’agora, lieu d’échanges et soumis au contrôle d’algorithmes, est devenue une arène où des théories complotistes prolifèrent et où les « mauvais acteurs » opèrent à des fins malveillantes…

Certains trouveront l’essai pessimiste. Il permet surtout de mieux comprendre les rouages souvent « invisibles » mais fondateurs du Web et de son modèle économique. Il amène à une prise de distance vis-à-vis de nos propres pratiques, et de cette impression de course au temps. Il est urgent que notre modèle numérique grandisse pour atteindre une certaine maturité apaisée. Dans cet essai, l’auteur affirme « y croire encore ». Et vous ?

La durée maximale de l'attention du poisson rouge ? Huit secondes. Celle de la génération des "millenials" qui a grandi avec les écrans connectés ? Neuf secondes. Sommes-nous devenus des poissons rouges, enfermés dans le bocal de nos écrans ?