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La cage aux lézards - Karen Connelly

La cage aux lézards

Connelly, Karen 1969 - ...
Buchet-Chastel

Malgré la dure réalité du sujet, ce livre laisse une étrange impression de sérénité

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Birmanie, 1995, dans ce pays-prison dirigé par la junte militaire depuis plusieurs décennies, les voix dissidentes sont censurées, emprisonnées, torturées, exécutées ou maintenue en vie...

Teza, arrêté à la suite d’une des nombreuses manifestations qui agitent le pays, est détenu dans la prison de haute sécurité de Rangoon, appelée la "cage" où il croupit depuis sept ans sans aucun contact avec l’extérieur. Au-delà de sa cellule, la prison, surpeuplée, vit au rythme des trafics, du travail pénitentiaire, des tortures, des fouilles surprises et des révoltes…

Dans ce microcosme carcéral vit Nyi Lay, un orphelin de douze ans à la fois chasseur de rats, masseur et coursier. Autant de fonctions qu’il assure avec sérieux et qui lui permettent de subsister parmi gardiens et détenus. L’apprivoiser semble impossible, pourtant au fil des regards et des gestes qui nourrissent ses conversations silencieuses avec Teza, un lien se crée entre eux. De ce lien naît un peu d’espoir, une pointe d’humanité qui éclôt comme une bulle d’air, fragile, au milieu de la brutalité aveugle et des injustices subies.

La cage aux lézards est issu des nombreux témoignages que Karen Connelly a recueilli pendant plusieurs années sur la frontière Thaïlande/Birmanie et à travers le monde. Entre artistes, journalistes, «anciens prisonniers politiques et gardiens de prisons sans emploi, jeunes employés de tea-shops et vieux vendeurs de noix de bétel», la diversité de ses sources lui a permis d’avoir à la fois une large vision de la situation politique et des détails sur la trajectoire personnelle des hommes et des femmes pris dans l’engrenage de cette guerre civile.

Malgré la dure réalité du sujet, ce livre laisse une étrange impression de sérénité. Comme si la force mentale qui habitait Teza était plus puissante que toutes les douleurs physiques et morales, comme si, une fois sa liberté intérieure acquise, plus rien ne pouvait l’atteindre.

Calhobs

Livre
Roman