The Köln concert - Keith Jarrett

Dans un entretien, Keith Jarrett  dira «  je n’avais aucune idée de ce que j’allais jouer. Pas de première note, pas de thème. Le vide. J’ai totalement improvisé, du début à la fin, suivant un processus intuitif. Une note engendrait une deuxième note, un accord m’entraînait sur une planète harmonique qui évoluait constamment. Je me déplaçais dans la mélodie, les dynamiques et les univers stylistiques, pas à pas, sans savoir ce qui se passerait dans la seconde suivante ».

À l’occasion d’une étape de sa tournée européenne commencée en 1973, le pianiste Keith Jarrett doit se produire  la salle de l’Opéra de Cologne. Seulement voilà, l’artiste est extrêmement fatigué et souffre d’un mal de dos. À cela s’ajoutent quelques soucis techniques. Un piano en piteux état…

Le résultat est une pièce de musique singulière, « moins complexe » que les morceaux de jazz habituels. Ses improvisations intègrent des sonorités pop et classiques, en partie en raison de ces contraintes techniques. C’est sans doute pour cela que le disque a trouvé un public dépassant le cadre des amoureux de jazz.

À ce niveau, ce n'est plus de la musique, c'est de l'émotion, brute. Une improvisation d'une heure un quart, une énergie, un fluide... On l'entend jouer, frapper le piano ou fredonner, hurler ou gémir, toute la musique se passe dans sa tête avant même d'être jouée. L'histoire sans fin d'un génie créateur qui avance sur le piano sans même savoir ce qu'il va jouer. A noter, notamment, la quatrième partie, une petite fable qui entraîne très loin dans l'imagination. Il est des musiques qui resteront à jamais dans l'histoire.

Ce n'est ni du jazz, ni du classique, c'est du Jarrett !