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Accident de chasse - David L. Carlson

L'accident de chasse

Carlson, David L. 1958 - ...
Sonatine éditions

Une œuvre coup de poing d’un duo d’auteurs américain inconnu en France.

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Un pavé de 400 pages en noir et blanc racontant avec brio et poésie un épisode fameux de la pègre du Chicago des années 20 à 30. Une œuvre coup de poing d’un duo d’auteurs américain inconnu en France.

Chicago, 1959 : Charlie Rizzo est un jeune adulte se cherchant, commençant à traîner avec des voyous ; jusqu’au jour où il commet un acte pouvant le mener en prison. Celui-ci croit tout connaître de son père aveugle, dont la vue aurait été perdue lors d’un accident de chasse dans les années trente, alors qu’il s’amusait avec des copains. Voyant son fils sombrer, Matt, inquiet, va alors lui révéler son secret. En 1936, il a séjourné sept ans à la prison de Stateville, Illinois, où il a cohabité avec l’un des deux tueurs les plus méprisés de l’époque : Nathan Leopold, déjà présent depuis douze ans pour l’enlèvement et le meurtre du jeune Bobby Frank. Cette expérience va le bouleverser et donner un sens à sa vie.

Accident de chasse impressionne dès sa prise en main par son dessin et son volume : 400 pages de traits et de hachures à la plume, remplissant sur la plupart des pages la totalité de l’espace disponible. Un travail titanesque que Landis Blaire a l’habitude apparemment de mener sur d’autres projets aussi morbides, dans la ville de Chicago où il réside. Ce dessinateur passionné par les cimetières, le gothique et les formes du fantastique du XIXe siècle s’épanouit en effet dans les dessins fourmillant de hachures que l’on peut découvrir sur son site LandisBlair.com. Une découverte saisissante.

De son côté, David L Carlson publie ici son premier roman graphique, lui qui vient plutôt de l’opéra de rue. Il a su s’inspirer du fait divers criminel de Nathan Leopold et Richard Loeb, ces deux jeunes adultes qui en 1924 ont commis un acte horrible, pour en faire un récit sombre mais plein d’espoir à la charge poétique indéniable. Il y inclue avec brio les thématiques de la perte de confiance, de la relation père-fils, du mensonge, de l’incarcération, de l’importance de la lecture et de la musique, du théâtre (d’ombre ici), élevant au rang de chef d’œuvre intemporel la Divine comédie (et surtout la descente aux enfers) de Dante Alighieri. Nos deux prisonniers présentent en effet ce chant aux autres détenus dans la bibliothèque de la prison, comme une échappatoire et une révélation de leurs propres vies ratées. La cécité de Matt ne servant qu’à appuyer la force avec laquelle, grâce au braille, il peut se reconstruire lui-même dans la lecture exaltée qu’il en fait aux autres détenus.

Un chef d’œuvre, rien de moins.

FG

BD/Manga